Caractéristiques des maîtres E.

Les différences engendrent des conflits entre les deux groupes sociaux.L’analyse montre que les maîtres E installent une distance, se définissent comme détenteurs d’un savoir supérieur à leurs collègues généralistes. Ils ne se remettent pas en question. Leur mode de fonctionnement social au sein de la profession est purement comparatif : se présentant comme différents, ils installent une hiérarchie de compétences. Les maîtres généralistes ne se comparent à personne mais se remettent beaucoup plus en question tout en ayant confiance dans l’action des maîtres E. Ils souhaitent travailler en collaboration mais se heurtent à la barrière hiérarchique mise en place. Ils se sentent dévalorisés car les maîtres E s’approprient la prise de décision ultime. Le maître E n’avance aucun compromis possible alors que le maître généraliste souhaite collaborer. La position de l’élève, compte tenu de la situation, n’est pas simple. Il risque de bénéficier d’une aide sans efficacité de par le manque de concertation et des points de vue différents.

Afin de comprendre les enjeux de l’aide spécialisée et l’incidence des tensions sur l’élève aidé, nous nous sommes penché sur les différences existant entre métier et profession. Considérés respectivement dans leurs fonctions sociale et productive, la profession et le métier possèdent maintenant, à nos yeux, une définition adaptée à la recherche. Il existe plusieurs métiers au sein de la même profession, ceux d’instituteur et d’instituteur spécialisé/maître E appartiennent à la même profession : enseignant.

Au sein de la même profession, les métiers se côtoient harmonieusement, chacun ayant une tâche spécifique et définie. Les maîtres généralistes et les maîtres E rencontrent des difficultés au niveau des différents éléments de la représentation professionnelle : les tâches et les rôles de chacun manquent de clarté. Si, au sein de la même profession les différents métiers jouissent d’une certaine autonomie, il n’en va pas ainsi pour les deux catégories considérées. Il s’ensuit donc un besoin de reconnaissance exacerbé d’où une certaine compétition n’est pas absente. Cette situation est due au fait que l’enseignant spécialisé ne se considère plus comme un pair du maître généraliste mais s’avance comme supérieur du fait de sa spécialisation.