Quatrième partie. Des images aux perspectives d’évolution

Pour cette nouvelle étape dans l’analyse des représentations sociales, nous procédons par croisement des variables. Nous ne retenons que les croisements pertinents pour la vérification de l’hypothèse.

Les croisements multiples donnent une image de la structure de la représentation sociale et classe les éléments selon une hiérarchie : éléments du noyau central ou éléments périphériques. Certains éléments restent stables, quels que soient les croisements. D’autres, prennent une forme différente selon l’influence des variables avec lesquelles ils sont croisés. Ceci permet d’observer une interdépendance des variables qui donnent un sens différent à la représentation, selon l’influence qu’elles exercent les unes sur les autres. C’est la situation qui influence la représentation, sans pour autant la faire changer radicalement d’aspect. Les personnes interrogées réagissent selon la situation dans laquelle elles se positionnent, selon l’image qui est activée par la question. La représentation n’est pas mise en péril, c’est un ou plusieurs éléments périphériques qui vont être différents, apparaître ou disparaître, avoir un lien plus ou moins fort avec le noyau générateur. Les différents croisements révèlent plusieurs facettes de la représentation sociale et montrent que les éléments ne sont pas figés, ils réagissent selon la situation dans laquelle ils sont observés. Ainsi, la responsabilité des tensions entre maîtres généralistes et maîtres E est reconnue et observée de façon stable, quand elle est croisée avec bon nombre de variables. En revanche, lorsqu’on la croise avec la variable concernant les pratiques, on s’aperçoit que ces dernières influencent fortement l’élément tensions.

Plus une représentation est confrontée à la réalité et plus son caractère évolutif est remarqué. C’est le réel observé qui fait vivre et se transformer la représentation. C’est alors la capacité d’adaptation et la quantité d’éléments périphériques qui assurent la stabilité en protégeant la représentation : celle-ci revêt plusieurs facettes – les éléments périphériques – qui permettent de réagir de façon appropriée. La spontanéité face à la situation est influencée par la représentation que l’on s’en fait. Ainsi, selon la demande sociale plus ou moins forte du moment, un ou plusieurs éléments de la représentation sociale – qu’ils soient centraux ou périphériques – sont activés, alors qu’ils peuvent « sommeiller » quelque temps, n’étant pas « au goût du jour » et ne correspondant pas à la demande sociale.

Dans les chapitres un et deux de la présente partie, nous donnons une représentation graphique évolutive de l’image de la représentation sociale au fur et à mesure de la mise à jour des éléments constitutifs. Nous retenons la légende suivante :

Nous parlons souvent d’éléments périphériques « plus ou moins éloignés » du noyau central. Notre méthodologie d’analyse ne permet pas d’apprécier la juste distance entre les différents éléments. La longueur des liens tracés entre le noyau central et les éléments périphériques n’est pas à prendre en considération.

La définition des deux groupes sociaux d’appartenance a déjà mis à jour la plupart des éléments des représentations sociales. Cette dernière partie de l’analyse ne révèle pas de points fondamentaux qui auraient pu être « oubliés » lors des étapes précédentes. Elle permet de structurer les représentations sociales en mettant à leur place chacun de leurs éléments.