Chapitre 1. L’image de la représentation des maîtres E

1.1. La difficulté d’apprentissage et l’échec scolaire : deux concepts distincts

Les deux concepts de difficulté d’apprentissage et d’échec scolaire sont essentiels dans le noyau central, ils ont un rôle fédérateur dans la représentation sociale et comportent un premier élément périphérique : la différence faite entre la difficulté scolaire et la difficulté globale. Cet élément est très proche du noyau central.

Avant de considérer le traitement de la position (difficulté) et de l’état (échec), observons d’abord la réalité du public accueilli pour ensuite analyser l’incidence de cette réalité sur la représentation sociale. Cette différenciation correspond à un mécanisme en deux étapes du à une confrontation permanente de la représentation sociale avec le réel.

  • la première étape concerne le public accueilli : l’élève est-il en difficulté scolaire par rapport aux matières enseignées, ou en difficulté globale affectant l’ensemble de sa personnalité ? ;
  • la seconde étape, découlant de la première, distingue la difficulté d’apprentissage de l’échec scolaire.

Une fois identifiée la structure de ces deux éléments, se dégagent les mécanismes entrant en jeu dans le glissement de la position à l’état.

Le tableau un ci-après, constate que les maîtres E font une distinction nette entre, d’une part, la difficulté d’apprentissage et l’échec scolaire ; et, d’autre part, entre la difficulté scolaire et la difficulté globale :

  • différenciation difficulté d’apprentissage/échec scolaire : la distinction est très nette : toutes les personnes interrogées considèrent qu’une différence existe. La difficulté d’apprentissage et l’échec scolaire ne bénéficient ni du même regard ni du même traitement (nous voyons plus loin que plus le traitement est précoce et plus il est efficace, peut-on alors traiter l’échec scolaire ?). Cet élément est central dans la représentation sociale ;
  • différenciation difficulté scolaire/difficulté globale : l’ensemble des maîtres E interrogés accueille aussi bien des élèves en difficulté scolaire que des enfants en difficulté globale. La population est très claire sur cet élément.
Tableau 1
Tableau 1 : les différents niveaux de difficulté des élèves accueillis.

Le maître E s’adresse à des élèves en difficulté, ce qui fonde son rôle et place cet élément dans le noyau central de la représentation.

De plus, la difficulté scolaire et la difficulté globale étant distinguées, deux niveaux d’observation sont envisagés :

  • certains maîtres E ne retiennent que la difficulté scolaire, sans tenir compte des autres niveaux de difficulté présents chez l’enfant – quant bien même ils existent –. L’élève seulement est pris en considération, et non pas la personne ;
  • d’autres, prennent en compte la difficulté globale dépassant le seul niveau scolaire. Cette fois, la personne est observée dans son intégralité et non plus seulement dans sa fonction d’élève. Si c’est la difficulté globale qui est prise en compte, la difficulté scolaire l’est également. Les maîtres E ne prenant en compte que la difficulté scolaire constitue une minorité au sein du groupe.

Entrent ici en jeu la fonction et la formation. Si l’on se réfère aux textes officiels, le maître E traite les difficultés scolaires passagères, la difficulté globale ne relève pas de son action. L’enfant en difficulté globale est forcément un élève en difficulté scolaire (dans le cas contraire on parle non pas de difficultés globales mais on pointe l’élément déficitaire par rapport à une norme établie : difficulté sociale, physique, psychique, affective). Les deux concepts sont distingués dans les croisements successifs, la stabilité se confirme, la centralité marquée. Le maître E ne s’adresse pas de la même façon à l’un et à l’autre public, c’est la situation qui lui dicte son action. Seule la difficulté scolaire reconnue par l’ensemble de la population bénéficie d’un traitement uniforme. Ainsi, l’échec scolaire affecte l’ensemble de la personnalité de l’enfant, le maître E accueille, tout en limitant son action au traitement de la difficulté d’apprentissage, ces élèves pour lesquels l’efficacité de l’action pédagogique sera différente. Les résultats positifs seront plus longs à observer – cet élément est pris en compte dans les différences de points de vue, sources de conflits entre maîtres E et maîtres généralistes – et l’aide prend davantage un caractère « thérapeutique ».

Tableau 2 : différence entre difficulté scolaire et difficulté globale.
Tableau 2 : différence entre difficulté scolaire et difficulté globale.

Les éléments suivants sont mis à jour :

  • la difficulté d’apprentissage et l’échec scolaire sont deux concepts différents (élément du noyau central) ;
    • - la difficulté scolaire est distinguée de la difficulté globale (élément périphérique) ;
    • - les deux difficultés ne bénéficient pas du même traitement (élément périphérique).

La mission du maître E concerne un public en difficulté (élément du noyau central) ;

- le maître E accueille des élèves en difficulté scolaire (élément périphérique);

- le maître E accueille des enfants en difficulté globale (élément périphérique).

Une première image de la représentation sociale apparaît.