1.2. La représentation du profil type d’élèves accueillis

Les matières enseignées sont considérées comme révélatrices d’un état de l’élève. Certaines matières le mettent en difficulté (difficultés mécaniques) mais il peut également l’être par l’ensemble de ce qui est enseigné à l’école. On parle alors de difficultés fonctionnelles, de manque de méthode, de troubles mnésiques. Quand l’élève est en difficulté dans une seule matière, cette difficulté trouve son origine dans la relation que l’élève entretient avec la matière. Il « manque de motivation » et l’aide est de courte durée. Dans cette situation, après avoir établi le diagnostic, le maître E oriente son action et ses entretiens vers la restauration d’une relation positive avec la matière posant problème. Les matières enseignées sont définies comme représentatives de la difficulté d’apprentissage et de l’échec scolaire. Ce point génère des tensions incidentes sur l’élève aidé. Nous l’avons dit déjà, les maîtres généralistes souhaitent une aide ponctuelle mécanique sur un point précis du programme, alors que les maîtres E dispensent une aide transversale et méthodologique.

L’élève ne bénéficie pas de l’aide dont il a besoin. Le maître E considère qu’un renfort pédagogique portant sur les compétences instrumentales relève du niveau un de la prévention, celui qui est dispensé en classe. L’élève n’est pas « suffisamment » en difficulté pour être accueilli par le maître E. Un paradoxe apparaît ici, le maître E déplore de ne pas être informé dès l’apparition des difficultés, et, quand il l’est, il rétorque que la difficulté est trop faible pour qu’il agisse. Quoiqu’il en soit, l’élève a une « zone d’ombre » dans ses apprentissages. Ces derniers s’enrichissent plutôt qu’ils ne se succèdent. L’élève sera « faible » dans une matière, celle-ci comportant des carences : les fameuses bases. Il souffre des différends professionnels de ses maîtres. Le maître généraliste ne l’aide pas car ce n’est pas son rôle, le maître E non plus.

Lors de la diffusion des questionnaires, les personnes contactées avaient la possibilité de commenter leurs réponses. Il apparaît que le français et les mathématiques sont les deux matières retenues dans le diagnostic et le traitement de la difficulté d’apprentissage. Nous retenons également que la lecture et la recherche de sens, en français, sont prépondérantes.

Tableau 3 : matières représentatives de la difficulté d’apprentissage.
Tableau 3 : matières représentatives de la difficulté d’apprentissage.

La représentation sociale s’enrichit des éléments suivants :

  • certaines matières sont représentatives (élément du noyau central) ;
    • l’élève est en difficulté dans une ou plusieurs matières (élément périphérique) ;
    • les difficultés sont transversales (élément périphérique) ;
    • la relation affective avec une ou plusieurs matières est rompue (élément périphérique).

La représentation sociale évolue de la façon suivante :

Certains maîtres E considèrent que des élèves sont prédisposés à être en difficulté d’apprentissage. Ils reconnaissent l’existence d’un profil type. D’autres, pensent tout autrement. Quelques maîtres E rencontrés disent qu’ils accueillent des « profils d’élèves » souvent identiques et retrouvent toujours les mêmes difficultés (sociales, comportementales, familiales, cognitives). Ils considèrent donc qu’un profil type existe. Si tout élève est amené, à un moment ou à un autre de sa scolarité, à rencontrer des difficultés d’apprentissage, on considère qu’il n’existe pas de profil type. La difficulté est inhérente à tout apprentissage, elle est souvent positive. L’élève en situation problème dépasse ladite difficulté en utilisant des stratégies qui le font progresser. Cette situation constitue une dynamique et un élément moteur des apprentissages.

Tableau 4 : existence d’un profil type.
Tableau 4 : existence d’un profil type.

Ajoutons deux éléments périphériques à la représentation sociale :

  • le milieu social, la fratrie, le type de difficultés rencontrées font penser qu’il existe un profil type et influence l’action éducative ;
  • il n’y a pas de profil type, tous les élèves peuvent rencontrer des difficultés d’apprentissage.

Il existe un lien entre les deux éléments périphériques « profil type » et « matières représentatives ». Pour les maîtres E, les difficultés rencontrées face à une matière vont se révéler toujours de la même manière, d’où la possibilité de penser qu’un profil type existe.

L’image de la représentation prend la forme suivante :