1.3. Les causes et les représentations des tensions

Les maîtres E interrogés, dans leur majorité, ressentent des tensions dont les causes et les responsabilités sont développées par la suite. Cet élément est stable au regard des multiples croisements. L’incidence des points de vue divergents entre maîtres généralistes et maîtres E peut conduire l’élève en difficulté d’apprentissage vers l’échec scolaire avéré. Le surinvestissement ou l’abandon pédagogique de l’élève de la part de l’enseignant (l’un ou l’autre pouvant être négatifs) sont dus à la divergence des points de vue sur l’aide à apporter.

Tableau 5 : existence de tensions entre le maître E et le maître généraliste, responsabilité attribuée de ces tensions.
Tableau 5 : existence de tensions entre le maître E et le maître généraliste, responsabilité attribuée de ces tensions.

Commentaires : l’élément « tensions » est stable. C’est un élément du noyau central. La responsabilité de ces tensions est différemment ressentie et attribuée. Nous voyons, plus loin, que dans les mentalités des maîtres E, la responsabilité est partagée sans être entièrement rejetée sur le maître généraliste.

Les tensions apparaissent comme un nouvel élément du noyau central. Deux éléments périphériques l’accompagnent, leur responsabilité est partagée :

  • le maître généraliste est responsable des tensions ;
  • le maître E est responsable des tensions.

L’image de la représentation sociale évolue de la façon suivante :

Le maître E revendique une différence dans le groupe « enseignants du premier degré ». Le travail en complémentarité n’apparaît pas dans la représentation. On observe des pratiques en parallèle qui ne se mettent pas au service de l’élève aidé. Les croisements successifs révèlent que dans l’élément « tensions » de la représentation sociale, la responsabilité est diversement appréciée. Les maîtres E se sentent responsables des tensions, responsabilité qu’ils partagent avec les maîtres généralistes. Les croisements ne permettent pas d’avancer qu’il y a rejet de la responsabilité des tensions sur les maîtres généralistes. Notons, cependant, qu’un certain nombre de maîtres E ne se sentent pas différents, savent que des tensions existent, mais ne les perçoivent pas.

Tableau 6 : tensions différemment ressenties
Tableau 6 : tensions différemment ressenties

L’élément central « tensions » s’enrichit de trois nouveaux éléments périphériques :

  • le maître E se sent différent ;
  • le maître E ne se sent pas différent ;
  • des tensions existent mais ne sont pas ressenties.

La représentation prend l’image suivante :

Les maîtres E interrogés considèrent leur travail comme différent de celui du maître généraliste. Cette différence ressentie est normale, puisque les uns et les autres ont des pratiques spécifiques. Celles du maître E sont différentes des pratiques de classe. Ce qui pose problème, dans les mentalités, c’est que le maître généraliste n’avance pas de différence et ne la revendique pas plus. Le maître E se montre supérieur, ce qui cause des tensions. On s’interrogerait sur la spécificité du maître E, si aucune différence n’était avancée.

Tableau 7 : tensions et différence de pratiques.
Tableau 7 : tensions et différence de pratiques.

Les pratiques différentes entraînent une difficulté dans le travail en équipe. De plus, la représentation d’une collaboration ne fait pas l’unanimité chez les maîtres E. Ce nouvel élément a également une incidence sur l’élève aidé. Le travail en équipe, même s’il est considéré comme facile, est freiné par ces tensions parasites. L’élément du noyau central « tensions » s’enrichit d’un nouvel élément périphérique :

  • les pratiques sont différentes.

L’image de la représentation prend la forme suivante :

Tableau 8 : tensions et travail en équipe.

Par manque de concertation, la complémentarité du travail au service de l’élève n’est pas observée. Tout travail partagé nécessite des compromis. Installant une hiérarchie de compétences et de connaissances, le maître E n’est pas prêt à la collaboration et ne fait pas de concessions. Une incompréhension s’installe, et les deux types d’enseignants ont leurs pratiques propres sans que celles-ci soient mises efficacement au service de l’élève aidé. Les carences dans les apprentissages s’accumulent et ont des conséquences sur la scolarité entière.

En conclusion, nous disons que plusieurs points responsables des tensions émergent. C’est lors de leur confrontation avec les éléments de la représentation sociale des maîtres généralistes que nous comprendrons leur réelle incidence sur l’élève aidé.