2.1. La difficulté d’apprentissage et l’échec scolaire : deux concepts distincts

Comme chez les maîtres E, ces deux concepts sont étroitement liés et constituent un des éléments prégnants du noyau central de la représentation sociale.

Les croisements successifs distinguent :

• la difficulté d’apprentissage de l’échec scolaire : la distinction est très nette. La majeure partie des personnes interrogées différencie les deux concepts. Au regard des résultats obtenus, cet élément de la représentation sociale des maîtres généralistes est stable ;
• la difficulté scolaire et la difficulté globale : une plus grande partie de la population signale des enfants en difficulté globale. C’est la personne qui est considérée et non pas seulement l’élève dans son rôle d’apprenant. Les maîtres généralistes ont deux regards : l’un concerne la difficulté passagère, celle qui survient à tout moment, qui est immanente à tout apprentissage et qui ne nécessite pas une aide spécialisée de longue durée ; l’autre concerne la difficulté qui affecte l’ensemble de la personnalité de l’enfant, que l’école n’est pas à même de résoudre seule. Vu sous cet angle, on remarque que les maîtres généralistes signalent davantage d’élèves en difficulté globale qu’en difficulté scolaire « simple ».

Même si on ne tient compte, à l’école, que de la difficulté scolaire, on considère que la difficulté d’apprentissage et l’échec scolaire sont dus à d’autres facteurs, extérieurs à l’école. On constate, encore une fois, que cette dernière révèle ou amplifie une situation, qui, jusque-là, même si elle était évidente, ne posait pour autant pas de problème. Les signalements d’élèves en difficulté ne se basent plus uniquement sur l’insuffisance des résultats, mais mettent également l’accent sur des dysfonctionnements comportementaux et sociaux.

Commentaires : ces deux croisements illustrent nos propos sous-jacents : la difficulté globale est antérieure à la difficulté scolaire. L’école, en tant que situation nouvelle, va mettre l’enfant face à des problèmes qui, bien qu’existant auparavant, ne dérangeaient pas. On constate la moindre importance que les maîtres généralistes accordent à la difficulté scolaire « simple » qu’à la difficulté globale « complexe ». La difficulté scolaire « simple » est inhérente à tout apprentissage et peut concerner tous les élèves, elle est traitée en classe. C’est « l’élément scolaire » d’une difficulté globale qui nécessite l’intervention du maître E.

Du fait que l’élément « signalement » de la représentation sociale partage la population, une différence s’installe dans les mentalités. Un écart existe entre la représentation individuelle idéale et les conduites. On voudrait ne signaler que des élèves en difficulté d’apprentissage alors que celle-ci est inféodée à des difficultés qui affectent l’ensemble de la personnalité de l’enfant. C’est la réponse comportementale de l’élève face à la difficulté qui entraîne le signalement. Si la difficulté scolaire est considérée comme moins importante que la difficulté globale, elle en fait tout de même partie.

Pour l’instant, la représentation sociale comporte les éléments suivants :

• il existe une différence entre la difficulté d’apprentissage et l’échec scolaire (noyau central) ;
• • ils sont dus à des éléments externes à l’école (élément périphérique) ;

• la difficulté scolaire se distingue de la difficulté globale (noyau central) ;
• • la difficulté scolaire est un élément de la difficulté globale (élément périphérique) ;
  • la difficulté scolaire simple ne nécessite pas une aide spécialisée (élément périphérique) ;
  • les maîtres généralistes signalent des élèves par rapport à une difficulté globale (élément périphérique).

Une première image de la représentation sociale est la suivante :