4.2. L’image de la représentation sociale des maîtres E

L’arbre des similarités des variables de la population des maîtres E.
L’arbre des similarités des variables de la population des maîtres E.

L’arbre des similarités de la population des maîtres E montre deux classes d’importance différente (les associations à droite de l’arbre ne sont pas considérées). La classe à gauche de l’arbre concerne la responsabilité attribuée des tensions, les niveaux de classification sont nettement moins fiables que pour la classe à droite de l’arbre Celle-ci regroupe plus particulièrement les éléments concernant les pratiques et les élèves accueillis. Les éléments de la classe de gauche sont de moindre importance dans la représentation sociale des maîtres E.

Un point que l’on ne considère pas comme nouveau dans la représentation, mais venant plutôt confirmer ce que nous avons appris plus avant dans l’analyse : les tensions apparaissent quand une différence statutaire est installée par le maître E. Désormais, disons de façon définitive, que la différence avancée par les maîtres E est l’élément fédérateur de l’élément « tensions ». Nous rajoutons l’élément périphérique « le maître E met en avant sa spécificité » à l’élément central « les tensions entre le maître généraliste et le maître E ».

La classe se trouvant à droite de l’arbre des similarités, la plus importante, comporte des associations de variables à des niveaux très fiables se trouvant, pour leur plus grande majorité, avant le niveau dix de classification (l’arbre en compte dix-sept). Les groupements, comme pour l’arbre des similarités de la population des maîtres généralistes, sont harmonieux et cohérents. La considération des tensions est à un niveau plus fiable que dans la classe précédente, nous leur accordons donc davantage de crédit. Notons que deux éléments périphériques se rajoutent à l’élément du noyau central « il existe des tensions entre le maître généraliste et le maître E », il s’agit de « le maître E n’est pas responsable » et « le maître généraliste n’est pas responsable ». L’analyse précédente ne fait apparaître que la responsabilité des tensions attribuée à l’une ou l’autre des populations. Il est nécessaire de rajouter ces deux éléments périphériques étant aux niveaux un et deux de la classification, soulignant leur importance et leur fiabilité dans la représentation sociale.

La spécificité du maître E est encore mise en avant dans l’arbre des similarités de par le fait que celui-ci considère qu’il n’y a pas de matières représentatives de la difficulté d’apprentissage. Il ne travaille pas sur l’aide dans une matière spécifique, donc instrumentale, mais sur la transversalité. Pour lui, la difficulté repérée par le maître généraliste n’est pas prise en compte et de nouveaux tests sont pratiqués auprès des élèves, mettant en avant des difficultés n’ayant pas toujours un rapport directe avec celle qui entraînent le signalement. Ce point, qui installe également les tensions, est confirmé par l’arbre des similarités. L’élément du noyau central « certaines matières sont représentatives » devient « le siège de la difficulté ». En effet, si les matières enseignées ne sont pas considérées comme représentatives, il n’y a pas lieu de conserver cette appellation.

La classe de droite confirme fortement un élément périphérique de la représentation sociale : « le maître E ne se sent pas différent ». Le niveau de classification étant fiable (niveau cinq) nous en tenons compte dans l’évolution de l’image de la représentation. Cet élément périphérique, permettant la personnalisation, montre un maître E qui ne se sent pas différent du maître généraliste, il considère son travail plus facile, tout en le pratiquant de la même façon. Ce type de maître E effectue du soutien scolaire au niveau un de la prévention. Il travaille sur les matières mettant en difficulté l’élève en répondant ainsi à la demande du maître généraliste. Il est normal que ces maîtres ne sentent pas de tensions puisqu’ils n’avancent ni différence, ni spécificité. Ce dernier point est récurrent dans cette classe de l’arbre des similarités. S’il ne se sent pas différent, s’il considère qu’il existe un profil type d’élèves accueillis, s’il accueille des élèves en difficulté globale, s’il travaille comme le maître généraliste, on s’interroge sur ses missions. Un nouvel élément périphérique apparaît : « les pratiques sont identiques » rattaché à l’élément du noyau central « les tensions entre le maître généraliste et le maître E ».

L’analyse de l’arbre des similarités montre que quand les deux groupes sociaux sont en accord, donc quand le maître E répond à la demande du maître généraliste et travaille de la même façon que lui dans une situation de confort supérieur, on n’est alors pas surpris qu’il n’y ait pas de tension. Le maître E répond à la demande. La cohérence dans les pensées et les conduites est présente de la même façon qu’elle l’est dans l’arbre des similarités de la population des maîtres généralistes.

Le graphe implicatif des variables de la population des maîtres E.
Le graphe implicatif des variables de la population des maîtres E.

Pour le présent graphe implicatif, beaucoup moins de variables que pour la population précédente entrent en jeu. Les liens, logiquement moins nombreux, sont plutôt disparates et aucun n’est fédérateur dans le graphe. Nous les qualifions de liens « simples » puisqu’une même variable ne renvoie qu’à une seule autre.

Les tensions sont présentent dans le graphe et ont divers sens :

Cette dernière différence n’entraîne cependant pas la définition d’un profil type d’élèves prédisposés à la difficulté d’apprentissage. La spécificité du travail du maître E ne s’adresse pas à un public particulier mais concerne tous les élèves. L’élément central « profil type d’élèves accueillis » se modifie en « profil d’élèves accueillis ». Se rajoute un élément périphérique « tous les élèves peuvent bénéficier de l’aide du maître E ». Quand les matières enseignées sont considérées comme révélatrices des difficultés, elles contribuent à dresser un « profil type ». Ceci rattache les matières représentatives – avec maintenant le statut d’élément périphérique – à l’élément du noyau central « profil d’élèves accueillis ».

Comme dans l’analyse du graphe implicatif des maîtres généralistes, les associations de variables sont harmonieuses et confirment définitivement la place des différents éléments dans la représentation sociale.

L’arbre cohésitif des variables de la population des maîtres E.
L’arbre cohésitif des variables de la population des maîtres E.

L’arbre cohésitif confirme quelques éléments que les différents niveaux d’analyse mettent déjà en évidence. Une seule classe d’association apparaît à des niveaux fiables. Cette classe résume une partie de la représentation sociale. Elle associe la « différence dans les pratiques » à la « responsabilité partagée des tensions ».

Le niveau deux d’association, montre une mise en avant évidente de la différence du maître E par rapport au maître généraliste, aussi bien dans les pensées que dans les conduites. Cette différence avancée entraîne le fait que le maître E n’engage pas sa responsabilité dans les tensions, il se met complètement à part dans la profession des enseignants, revendique une différence, tout en ne s’impliquant pas dans la relation. Ne se sentant pas responsable des tensions, il les génère cependant.

Les autres niveaux d’association, de moins en moins fiables, n’apportent pas d’éléments nouveaux à la représentation.

L’image finale de la représentation sociale de la population des maîtres E, données par l’implication statistique entre variables, figure à la page suivante.

Image finale de la représentation sociale de la population des maîtres E, données par l’implication statistique entre variables
Image finale de la représentation sociale de la population des maîtres E, données par l’implication statistique entre variables