Synthèse de la quatrième partie
Dans cette quatrième et dernière partie, tout en terminant la mise à jour des constituants des deux représentations sociales, nous dégageons les éléments faisant glisser l’élève de la position de difficulté d’apprentissage à la situation d’échec scolaire avéré. Nous envisageons quelques perspectives d’évolution des représentations sociales des deux groupes, par des actions ciblant les éléments périphériques.
Des pensées, des pratiques, des tensions générées qui font glisser l’élève.
- Le maître E ne prend en considération que la difficulté scolaire de l’élève. Des tensions apparaissent entre les deux métiers, les attentes des maîtres généralistes et les réponses des maîtres E sont divergentes. Respectivement, les uns font appel au maître E pour une aide instrumentale et les autres travaillent sur la transversalité ;
- tout en différenciant la difficulté scolaire de la difficulté globale, les maîtres généralistes signalent des élèves en difficulté globale. Le maître E ne prend pas en compte ces demandes, il « sélectionne » ses élèves. Le maître généraliste est atteint dans ses compétences professionnelles, il est démuni. Des tensions naissent et l’élève est rejeté ;
- l’élève arrivant à l’école est frappé de fatalisme et stigmatisé, il véhicule une image influencée par le milieu social, la CSP, la fratrie. Il se met rapidement dans la position sociale que l’on attend de lui ;
- en classe, les attentes sont identiques pour tous les élèves, même ceux bénéficiant d’une aide. Ces derniers profitent cependant d’un regard particulier, d’une pédagogie différenciée, mais la mesure de l’écart à la norme supérieure reste identique ;
- les maîtres E se mettent volontairement à part dans la population des enseignants. Ils ne collaborent pas car considèrent avoir un niveau de connaissances plus élevé et des pratiques plus adaptées aux difficultés de l’élève. Ils exercent un pouvoir sur le maître généraliste, cette attitude génère des tensions ;
- un travail partagé et des pratiques harmonisées se mettent difficilement en place.
Les perspectives d’évolution.
- La forme des interventions change afin que l’élève ne soit plus stigmatisé et que la différence statutaire entre les maîtres soit effacée, au moins sur le terrain. Le maître E intervient dans les classes ;
- les pratiques évoluent vers un partage des tâches. Le projet d’aide se décide et se rédige conjointement, les régulations sont programmées. De cette façon, c’est l’élève qui est considéré plutôt que son origine ;
- l’analyse de pratiques se systématise pour tous les enseignants ;
- dans la formation initiale, le secteur de l’AIS est présenté ;
- les évaluations terminales, tout comme les pratiques, sont individualisées ;
- le maître E travaille sur le mécanisme des matières. S’il est nécessaire de mettre l’accent sur la transversalité il le fait à partir des matières qui mettent l’élève en difficulté ;
- les tensions incidentes disparaissent, le maître E, qui les génère, change ses pratiques, fait des compromis et travaille avec le maître généraliste en tant que pair.
Enfin, dans cette quatrième partie, l’implication statistique entre variables installe définitivement à leur place les constituants des deux représentations sociales.