Je réponds que je suis instituteur.
Et bien d'abord j'ai fait des études technologiques, donc bac électrotechnique et BTS électronique et pendant que j'étais à l'armée j'ai cherché du travail dans l'électronique, mais ça me motivait pas trop, donc parallèlement j'ai passé le concours de l'EN et comme je l'ai eu, finalement je me suis dit que ça m'intéressait plus d'être instit que d'être électronicien. Et comme en fait je faisais également des colos à cette époque, j'avais un petit aperçu de ce qu'était l'éducation, ça m'intéressait.
Donc j'aide des enfants en difficulté. Plutôt dans les disciplines instrumentales, français ou mathématiques, qui me sont signalés par leur maître comme ayant des difficultés, alors j'essaye de préciser ces difficultés et de me fixer un certain nombre d'objectifs relativement précis que je pourrais atteindre avec eux au sein d'un petit groupe d'élèves.
Aux élèves.
Instituteur spécialisé chargé de résoudre des difficultés d'ordre scolaire chez des enfants d'âge primaire.
Je suis instit spé. Une bonne connaissance de l'enfant, de leur développement aussi bien intellectuel qu'affectif, physique, voilà.
Au milieu.
Ni l'un ni l'autre.
Correct, sans plus, correct.
Oui, je pense. Dans la façon d'envisager les choses, dans les rapports humains, d'une manière générale. J'ai plus envie de comprendre les gens, leur fonctionnement qui peut être différent du mien, une capacité de décentration.
Non.
Oui, on me l'a dit récemment.
Non.
Non, plutôt à cacher même, j'aime pas trop le dire que je suis instit, c'est assez mal perçu d'être instit, on est toujours les chiants, les empêcheurs de tourner en rond donc j'aime pas trop dire que je suis instit.
Je sais pas.
Quand on m'avait dit ça, c'était dans ma façon de m'exprimer, une façon assez didactique de parler, je pense que ça doit être ça.
Oui, ça me plait du moins, ça me plait beaucoup.
Ah ! Oui y'en a. Le fait de ne pas avoir de classe, vis-à-vis des instits, c'est pas toujours bien perçu et… Ils sont polis, ils sont sympas, ils n'iront pas dénigrer ouvertement, des fois on est un petit peu les chanceux, ceux qui n'ont pas de classe, du coup on fait rien. Y'a aussi le fait que des fois on ne répond pas à la difficulté telle que eux la perçoivent dans la classe, on est trop en décalage. Le gamin il a des difficultés beaucoup plus importantes que ce qu'il fait dans la classe, donc on est obligé d'être en décalage. Des fois eux ils préfèreraient qu'on replâtre sur ce qui ne s’est pas bien passé en classe. Ca se perçoit, des fois on dit tiens essaye de refaire ça, il y est pas arrivé, essaye toi avec lui de lui expliquer, alors qu'il est à cent lieux de là le gamin.
Le fait de travailler en équipe déjà, le fait d'avoir un dialogue avec le maître de la classe. D'avoir un dialogue au sein du réseau avec les maîtres "G" et la psy. D'en parler aux parents, c'est à la fois passer beaucoup de temps mais ça aide à la compréhension du gamin et à aider à résoudre ses difficultés.
C'est sûr. Des contraintes d'abord matérielles, moi je trouve que l'on manque de place. Pas tellement en tant que maître "E", parce que généralement on a une classe et peu d'élèves, mais dans les classes ordinaires il y a trop peu d'espace pour trop d'élèves, donc déjà vraiment l'espace physique. En général au niveau du matériel pédagogique, je trouve qu'on est assez bien doté, mais il faudrait moins d'élèves par classe, moi je pense que 20 se serait un maximum, donc des contraintes de moyens humains.
Les séances que je vis avec les gamins, l'expérience au fil des jours et puis le retour sur l'analyse que je fais de mes séances. Et puis discuter un peu avec les instits, sur eux, ce qu'ils font, ça me donne des idées et une façon d'aborder les choses.
Le fait d'avoir eux un congé de formation ça m'a vachement satisfait, donc pouvoir quitter le boulot pendant six mois pour pouvoir aller en fac, ça faudrait que ça arrive plus souvent et à un plus grand nombre de personnes. Ce qui me satisferait c'est des stages spécialisés au sein de la profession. Il n'y en a pas dans le PDF, c'est dommage.
Bien sûr, notamment en communication, des choses comme ça, on a à apprendre d'autres milieux.
Non, y'en a qui très jeunes déjà sont à œillères et ça s'empire en vieillissant. Je pense que ceux qui étaient souples au départ restent souples au bout du compte, mais y'en a qui ont aucune capacité d'adaptation.
Non, j'essaye bien de calquer sur du scolaire, sur ce qui se fait à l'école. Mais pas forcément sur ce que fait le collègue dont je prends l'élève. Par exemple il peut être en CM1 et moi je ferais du CE1, on reste sur des choses qu'il ferait dans une classe de CE1. Donc je fais des choses semblables à ce qui peut se faire mais à un autre niveau. Après je fais des choses différentes par des techniques qui du fait du petit nombre d'élèves, sont spécifiques, ne peuvent pas être faites en classe. Le fait que je sois sur du scolaire, c'est ce qui me fait dire que je fais quand même le même métier, même si à certains moments les techniques, les moyens mis en œuvre sont différents, du fait que les objectifs sont les mêmes, le métier est le même.
Au niveau quantitatif je les vois une fois en début de prise en charge, systématiquement, pas toujours à la fin, pour faire le point, et je les vois en général en milieu de prise en charge. Au niveau qualitatif, je n'ai jamais eu de problèmes de conflits ou autres, et c'est vrai qu'en général… Moi avec les gamins j'essaye de faire en sorte qu'ils réussissent pendant le moment où ils sont avec moi, donc du coup aux parents je leur renvoie des côtés positifs de leur gamin. En prenant toujours la précaution de leur dire mais attention par rapport à la classe, on fait des choses qui sont plus simples, donc votre enfant a tel décalage, a telle difficulté, et j'essaye de leur montrer comment ça avance, ça évolue. Le fait qu'il y a le côté positif, ce qu'il a appris, ce qu'il sait faire maintenant, ils sont assez satisfaits les parents. Des fois, il peut y avoir des petits hics au moment d'une décision de maintien. Si j'ai pris l'élève, je prends part à la discussion et des fois il peut y avoir des incompréhensions, même si j'avais pris la précaution de dire voilà il a telle difficulté, les parents me disent ouais pourtant vous m'aviez dit qu'il réussissait bien, ça veut dire que malgré tout il a échoué, il n'a pas réussi au point de passer, à ce moment-là ça peut être vécu comme un échec, ou des fois une incompréhension entre l'instit moi et le parent. L'instit voyant plutôt les manques, moi les progrès qu'il a fait en ayant à l'esprit les lacunes, malgré tout, et les parents qui se sont des fois un peu focalisés sur mon discours plutôt que sur celui du maître et qui sont déçus que leur gamin ne passe pas, je sais pas si j'ai été clair.
Ou là ! Une place pas trop importante je dirais, il faut pas qu'ils se désinvestissent bien sûr, je pense qu'ils ont leur métier de parents et nous notre métier d'enseignants. Il y a des choses que l'on ne peut pas faire à l'école, qui sont de l'ordre de l'affectif, c'est un peu ça le métier de parent, mais qu'en dehors de ça il faut qu'ils fassent d'abord confiance à l'enseignant et qu'il faut pas qu'il fasse l'école à la maison.
Oui, possible oui, et souhaitable aussi. Moi je pense aux activités sportives, on a besoin de parents bénévoles pour l'encadrement. Là on a besoin d'eux, c'est possible et ça se fait bien en général, et je pense que c'est bien qu'ils soient-là parce que comme ça ils peuvent voir les difficultés qu'on rencontre des fois. Et puis après aussi après pour certaines compétences qu'ils peuvent avoir de par leur profession, parler de leur métier des choses comme ça, ça peut être intéressant à ce niveau-là, mais ponctuellement.
Oui.
Non, au cycle II je trouve qu'il y a déjà trop de codes, d'étude de la langue et même si on dit que l'étude de la langue est repoussée au cycle III, je trouve que déjà en conjugaison, orthographe, il y a des choses qui sont trop abstraites pour les gamins. Et puis en histoire, géo, sciences, je trouve que le programme il va trop loin, c'est trop lourd, trop pointu pour des gamins de cet âge-là.
Les deux, mais c'est sûr que le système génère des difficultés justement, de par des programmes qui peuvent ne pas correspondre à tous les gamins, elle génère forcément des difficultés. Et puis après y'a forcément des gamins qui ont des handicaps, des difficultés qui font qu'ils sont inadaptés à quelque programme qu'il soit.
Moi je dirais oui, mais pourrait faire mieux, avec des moyens, avec une autre politique, une autre philosophie des programmes ça pourrait être mieux.
Non, pas vraiment.
C'est l'inspecteur, l'inspection, l'inspection académique et puis après le rectorat. La hiérarchie directe pour moi c'est l'inspecteur.
Ben ouais, l'inspecteur.
Non. Si, les aide-éducateurs, donc eux ils sont en dessous, en dessous c'est peut-être un peu péjoratif, mais ils ont une mission qui est autre que la nôtre. Eux par exemple c'est des personnes d'exécution.
Non.
Un directeur qui soit déjà un bon organisateur de son école. Qui ne joue pas un rôle hiérarchique, d'ailleurs j'en parle pas comme un supérieur hiérarchique mais qui respecte le travail de chacun. J'ai pas trop envie de le voir animateur de l'école, à savoir aller les gars on met en place tel projet, tout le monde s'y met. Une équipe pédagogique idéale, c'est des gens qui ont une bonne perception de leur métier tout simplement et qui librement ont envie de faire des choses ensemble.
Oui.
Non, c'est pas le cas, il faudrait qu'à un moment donné, il faudrait que j'arrête les prises en charge à certains moments, et faire carrément des activités de classe avec le maître, qui aient une autre vocation que les enfants en difficulté, je pense que ce serait pas mal ça.
Favorable mais je pense qu'il faut qu'il ait un repère prédominant, une personne référente.
Déjà répondu.
A ben ouais, du coup forcément les intervenants ils ont l'occasion de parler des gamins et chacun de donner son point de vue, qui, plus ou moins inconsciemment a une retombée sur la relation qu'après l'autre aura avec le gamin.