Entretien du 03/04/01 – Stéphane

  • Tranche d’âge : 30/39 ans
  • Ancienneté : 17 ans
  • Milieu : urbain ZEP
  • Fonction : adjoint élémentaire, instituteur
  • Quels élèves peuvent, à l’école, bénéficier de l’aide scolaire spécialisée ?

Moi je dirais tous.

  • Existe-t-il un profil type d’élèves bénéficiant de l’aidespécialisée ?

Malheureusement oui. Le plus près que j’ai dans ma tête c’est des élèves considérés comme socialement difficiles. Le deuxième type qui correspond à votre fonction c’est des élèves pointés comme étant en queue de classe comme ne faisant pas partie des 75% de la classe, ceux qui n’acquièrent pas les compétences requises.

  • Considérez-vous le passage chez le maître « E » comme ordinaire ou comme un élément significatif dans la scolarité de l’enfant ?

C’est un élément significatif, j’irais même jusqu’à dire très significatif, pas handicapant mais comme s’il était mis en gras, tu avais donc des problèmes ?

  • A votre avis, l’élève ayant bénéficié d’une aide à un moment ou à un autre de sa scolarité est-il marqué par ce passage ?

C’est difficile à dire, certains oui. Je pense que oui mais je n’en suis pas sûr, aucun élément me permet de le dire dans mon parcours.

  • Considérez-vous que les élèves ayant bénéficié d’une aide ont autant de chance de réussir que les autres ?

J’ai peur que le fait de savoir qu’on va avec un monsieur spécialisé empêche à l’enfant d’être autonome et l’empêche d’être libre par rapport aux apprentissages. C’est la classe des enfants qui ne vont pas bien scolairement donc associé à mentalement. J’ai entendu des réflexions d’enfants un peu méchantes.

  • Savez-vous quels élèves ont été aidés dans votre classe ?

Oui par le psy.

  • Ces élèves bénéficient-ils d’un traitement particulier/un regard particulier de votre part ?

Oui. Le sachant je suis moins exigeant, j’ai une exigence relative qui est teintée d’humanisme. Je ne suis pas sûr que c’est la bonne attitude à avoir. Le maître ne demande pas la même rigueur, ça habille un peu plus du costume du cancre.

  • Quelles sont les personnes impliquées dans un projet d’aide ?

L’instit, le directeur, l’infirmière, les parents, le conseil des maîtres, évidemment le maître RAD, le psy.

  • Comment appelez-vous le maître dispensant l’aide scolaire spécialisée à l’école ?

Je l’appelle le maître CLAD.

  • En trois mots, que fait-il à l’école ?

Il tente vainement de rattraper les échecs de l’Education nationale.

  • Savez-vous quel travail il fait ?

Depuis cette année oui mieux. De la remédiation sur des degrés d’expertise précis.

  • A votre avis, ce travail est-il différent du vôtre ?

Oui. Je peux pas le faire avec le nombre d’enfants que j’ai. Je me demande si disciplinairement on peut les faire bosser individuellement et passer vers chacun.

  • Quel est le but de l’aide ?

De faire verdir le point rouge.

  • Telle qu’elle est dispensée à l’école, pensez-vous que l’aide est efficace ?

Je vois pas pourquoi je dirais non. Oui, il y’a de grosses choses à améliorer au niveau des réunions de concertation et du type d’élèves qu’on envoie, on devrait aussi envoyer des bons élèves pour des raisons de résolution de difficultés scolaires, il y en a même chez les bons élèves. Permettre aux mauvais élèves de voir qu’ils ne sont pas les seuls à aller chez le maître des débiles, je pense qu’il faudrait demander aux élèves s’ils acceptent ou non d’aller chez le maître CLAD.

  • Qu’attendez-vous du maître dispensant l’aide scolaire spécialisée à l’école ?

Déjà répondu.

  • Quelles relations professionnelles entretenez-vous avec le maître « E » ?

Excellentes et fructueuses.

  • Aimeriez-vous être maître « E » ?

Je pense que je manque d’expérience pour être maître « E » ainsi que la peur de n’être face qu’à un public en difficulté.

  • Sentez-vous une différence de statut entre vous et le maître « E » ?

Oui.