Deux exemples d’entretiens de maîtres « E » sur la représentation du maître généraliste et de l’enfant aidé

1 - Entretien du 20/12/00 - Bruno

  • Tranche d’âge 30/40 ans
  • Ancienneté : 19 ans
  • Milieu : urbain
  • Fonction : maître « E », professeur des écoles
  • Définissez les relations que vous entretenez avec le maître généraliste.

Au niveau professionnel, le maître généraliste m’apporte les premières informations concernant l’enfant qui a besoin d’une aide. Tout au long de la prise en charge j’ai besoin de lui pour faire le point, pour voir si l’attitude de l’enfant face au travail change, plus si l’attitude change que le travail.

  • Aimeriez-vous faire le même travail que le maître généraliste ?

Non, plus maintenant. Avant d’être maître « E », je travaillais en perf, j’ai beaucoup aimé, et puis quand je suis passé en adapt je me suis rendu compte que je m’épuisais en perf, maintenant, prendre une classe sûrement pas, ça ne m’intéresse pas du tout.

  • Sentez-vous une différence de statut entre vous et les maîtres généralistes ?

Oui. Nous les spécialisés on met souvent en avant qu’on est spécialisé, alors ça crée des différences, ça se sent sur le terrain, il y a une différence de statut, on est peut-être un peu responsable.

  • Vous arrive-t-il de sentir des tensions ?

Oui, très souvent. De l’ordre des jalousies, moins d’enfants, moins de contraintes et de fatigues, ce qui est vrai d’ailleurs. En réunion, j’ai souvent l’impression que j’ai le dernier mot, même si je ne prétends surtout pas avoir raison, mais c’est comme ça, le poids est différent. Alors je sens des tensions oui.

  • Quels élèves peuvent bénéficier de l’aide spécialisée ?

Tous les élèves de l’école, plus particulièrement les cycles II qui sont prioritaires, mais tout le monde peut en avoir besoin et en bénéficier.

  • Pensez-vous qu’il existe un profil type d’élèves bénéficiant de l’aide spécialisée ?

Pour moi non, malheureusement chez les généralistes je sais que certains enfants issus d’un milieu particulier, de familles connues, dont on a mal vécu le travail avec les aînés et bien ces enfants-là ils vont pas être traités de la même façon. Je me trompe, j’espère, mais je suis à peu près sûr, ou bien c’est le milieu qui est influant mais je ne sais pas bien, certains enfants ne sont pas traités comme les autres. Comme les enfants issus de milieux porteurs, on ne leur demande pas la même chose que les autres à l’école.

  • Pensez-vous que l’élève qui a bénéficié de l’aide spécialisée à un moment où à un autre de sa scolarité est étiqueté ?

Oui, fortement marqué, souvent en début d’année les collègues me demandent si j’ai suivi tel élève, je réponds systématiquement non, surtout en début d’année, ensuite je change d’attitude, à partir de noël je veux bien en parler. Par contre, je pense que j’ai parfois une attitude qui peut aider à coller une étiquette à certains élèves, pour ceux avec qui j’ai beaucoup travaillé l’année précédente et qui reste fragile, je m’en inquiète beaucoup, alors bien sûr le maître a une image particulière sur cet enfant.