1.1. Lieu de la recherche

Le lieu où je fus accueillie, depuis 2004, pour la clinique est le service de psychiatrie interne du Professeur Jean Naudin, à Marseille, au Centre Hospitalo-Universitaire de La Timone. J’ai choisi ce service pour son orientation phénoménologique, dans la lignée de la tradition marseillaise, initiée par Arthur Tatossian. Cette année, le service a déménagé à l’hôpital Sainte-Marguerite, dans l’idée de créer des pôles d’innovation pour la recherche en psychiatrie, et je n’ai pas eu l’occasion d’intervenir dans les nouveaux locaux.

La psychiatrie interne est le secteur de l’hôpital public qui accueille à temps plein les patients. Il s’agit le plus souvent de patients présentant des troubles psychiques graves (psychoses notamment), mettant en danger le lien social et eux-mêmes, et qui nécessitent une hospitalisation, destinée à atténuer ces troubles, pour permettre aux personnes de vivre dans une moindre souffrance et une meilleure adaptation à leur environnement. L’hospitalisation peut être réclamée par le patient lui-même, en hospitalisation libre (HL, le patient est alors jugé moins difficile que dans les autres cas), ou bien requise par un tiers (par exemple un parent), ce qui se nomme l’HDT (hospitalisation à la demande d’un tiers), ou encore exigée par le préfet (HO, hospitalisation d’office), lorsque l’on estime que l’état psychique du patient est à l’origine de troubles graves pour la société (par exemple, en cas de troubles sur la voie publique). Dans tous les cas, le patient se rend aux urgences (ou à l’accueil de l’hôpital), où il est examiné par deux psychiatres, puis envoyé dans l’un des services, soit son service d’affectation sectorielle (la psychiatrie interne étant régie par secteur, ici par arrondissement), soit un service où il reste « un lit » si son service d’affectation est au complet. Les services de psychiatrie interne de ce CHU sont presque toujours débordés par la demande. Le service où j’ai effectué le stage sectorise les patients de deux arrondissements de Marseille.

Durant deux ans et demi, j’ai pu rencontrer des patients délirants, diagnostiqués psychotiques, dans le cadre d’entretiens cliniques. Je les remercie de la confiance qu’ils m’ont prodiguée, et de la richesse des échanges que nous avons pu partager. J’ai été très sensible à la souffrance qui se dégage de ces lieux de soin, à la conscience professionnelle et humaniste des soignants malgré la pauvreté des moyens, ainsi qu’aux difficultés créées par les orientations politiques et idéologiques qui sous-tendent actuellement l’hospitalisation en psychiatrie.