I.4. Modèle Epistémologique

J’ai souhaité inscrire ma recherche sous un double paradigme, d’une part la psychanalyse, de l’autre la phénoménologie. Cela implique de poser les conditions épistémologiques d’une interdisciplinarité entre psychanalyse et phénoménologie dans la recherche clinique, ce qui ne saurait s’abstraire d’une réflexion préalablement méthodologique. De fait, notre recherche consiste à étudier un même objet, la perception du temps (« le temps vécu ») dans la psychose, sous deux abords différents, psychanalyse et phénoménologie. Chaque perspective oriente les questions posées aux patients ainsi que le regard de l’observateur. « Le temps vécu » est une référence au concept formé par Minkowski pour signifier « le temps-qualité » (Minkowski, 1933, p. 31) que la personne perçoit subjectivement comme devenir, en opposition au temps mesurable et posé comme norme sociale. La phénoménologie ici envisagée n’est pas la phénoménologie philosophique au sens strict (celle de Husserl ou de Heidegger par exemple), mais la phénoménologie clinique qui, si elle s’inspire de la phénoménologie philosophique, introduit par ailleurs la spécificité irréductible de la rencontre et de l’expérience cliniques. Il s’agira donc d’étudier cette interdisciplinarité entre psychanalyse et phénoménologie dans un contexte spécifique, celui d’une recherche sur des patients psychotiques, et sur un thème spécifique, celui de la perception du temps. Notre réflexion s’organisera autour des nouveaux acquis de la fin du XXème siècle concernant la complexité, à travers les distinctions (élaborées par Morin, Le Moigne et Nicolescu) entre pluridisciplinarité et interdisciplinarité et ce, dans une vision du monde davantage perspectiviste que relativiste.