b) Les intentions vides

Binswanger souligne qu’à l’angoisse du vide répondent non seulement l’ordre mais des intentions vides. Lorsque le sujet mélancolique est en autoreproche (si je n’avais pas fait cela…), « il s’agit manifestement de possibilités vides. Mais là où il est question de possibilités, il s’agit d’actes protentifs – le passé ne contient pas de possibilités. Mais ici ce qui est possibilité libre se retire dans le passé. Cela signifie que les actes protentifs constitutifs doivent devenir des intentions vides. La protention devient de ce fait autonome dans la mesure où elle n’a plus de « à propos de quoi », plus rien qu’il lui resterait à « produire » si ce n’est l’objectivité temporelle du vide « à venir » ou du vide « en tant qu’avenir » (1960, p. 33).

« Quand la possibilité libre se retire dans le passé ou plus exactement quand la rétention se confond avec la protention, on ne débouche plus sur un « à propos de quoi » authentique mais seulement sur une discussion vide. Mais ceci est un signe qu’avec l’altération de la protention, le « processus  » tout entier, le caractère tout entier de flux ou de continuité non seulement de la temporalisation, mais de « la pensée » en général, est altéré ! De ce point de vue la mélancolie est une maladie bien plus « grave », une altération bien plus « profonde » que nous ne le supposons généralement au vu de sa curabilité » (Ibid.).