III.3.2.4. Le cas Mélusine (1)

Mélusine a 57 ans et est diagnostiquée depuis plusieurs années comme maniaco-dépressive. Son premier état maniaque ayant nécessité une hospitalisation s’est déclenché à la suite de la mort de son père, évoquant ainsi la « manie du deuil ». Son état se caractérise par une excitation psychique avec passages fréquents du coq à l’âne au cours des entretiens et des difficultés à se concentrer, une hyperactivité (ménage, « recyclage » de récipients en verre comme des pots de Nutella…, listes), une hyperthymie avec des états euphoriques et des sautes d’humeur (elle passe d’attitudes aguicheuses à des attitudes ludiques et joviales, puis à des attitudes agressives), une théâtralisation (sinon un maniérisme) dans les gestes et les expressions verbales. Á cela s’ajoutent la prédominance des thèmes liés à la sexualité et, parfois, des idées éparses de persécution et de mégalomanie à mécanisme imaginatif (Mélusine pense ainsi être recherchée, car de dos elle serait le sosie d’Al-Qaida), dans un délire non systématisé. Lorsqu’elle est en état maniaque aigu, elle a un contact très facile avec les gens, elle veut qu’on l’appelle Mélusine, fait des dépenses inconsidérées, et se caractérise par une préciosité exacerbée : vêtements bleu turquoise assortis au sac, au stylo, au vernis à ongle et au fard à paupières par exemple. Elle a toujours un carnet (assorti au reste de la tenue) sur elle, dans lequel elle note tout : nom, prénom et âge de chaque soignant, plan de l’hôpital, créations poétiques…