Réponse à la problématique

Il est apparu que le temps du délire est révélateur de la primo-organisation temporelle du psychisme, et de l’inconscient. Dans le délire psychotique, le temps est une sensation (temps plaisir/temps déplaisir), mais aussi une perception, celle de l’attente et de la satisfaction de l’attente, donc celle du rythme. Sa représentation est circulaire, dans une spirale organisatrice de chaos, soit de façon répétitive et fermée (temps de Sisyphe) soit de façon ouverte (temps sacré : possibilité de rédemption). Dans le langage du délire, le temps vécu se manifeste par une rythmicité des mots, mais aussi des représentations telles que le chaos ou l’infini.

Le délire révèle donc le temps vécu de la psychose, mais tente de faire œuvre de réparation, par rapport aux discontinuités laissées dans l’identité narrative. Il comporte donc bien cette double représentation du temps : d’un côté un temps chaotique, celui du déluge, et de l’autre l’expérience délirante qui tente d’intégrer cette expérience du chaos dans des rythmes et de la sacralité (par exemple, conscience d’immortalité), et d’opérer une cicatrisation mémorielle avec construction d’une histoire identitaire (origine, filiation…).