Limites et perspectives de la recherche

Les limites de cette recherche sont plurielles.

Tout d’abord, elles existent de facto par l’échantillon et la méthodologie qualitative. Nous avons expliqué les raisons de notre choix, mais nous n’avons pas la prétention illégitime d’élargir cet échantillon à l’ensemble des patients psychotiques (dans un passage infondé de la partie au tout). Par exemple, il y a peu de représentativité des patients paranoïaques, puisque je n’en ai pas rencontré beaucoup, et qu’en général ils sont peu hospitalisés.

De plus, la situation dans laquelle j’ai rencontré ces patients est une situation de crise (hospitalisation, post-hospitalisation). C’est la situation où les patients sont porteurs du délire, ce qui ne saurait pas nécessairement signifier qu’hors-délire, dans des phases de stabilisation qui ne suivent pas l’hospitalisation, nos conclusions seraient nécessairement identiques, bien que nous ayons distingué le temps propre au délire, et le temps figé (dépressif) qui suit le délire, et s’apparente aux vécus de type mélancolique. Le cadre institutionnel joue également un rôle, en interférant avec les patients et ma recherche, ne serait-ce que par les soins d’urgence et l’idéologie du soin rapide. On peut se demander dans quelle mesure ce cadre n’est pas aussi ce qui transforme l’épisode délirant en crise. Il conviendrait de se demander si, dans un autre cadre institutionnel, la clinique du temps vécu aurait pu prendre des modalités différentes, qui impactent sur les résultats.

Il pourrait être intéressant de poursuivre cette étude, dans d’autres recherches, qui se consacreraient à lever les limites signalées de cette recherche. De plus, un suivi thérapeutique sur le long terme pourrait permettre de préciser certaines conceptions que j’ai pu évoquer. Dans ces suivis, bien entendu je pense à des suivis de sujets délirants psychotiques adultes, mais également de suivis d’enfants psychotiques, jusqu’à l’âge adulte, pour mieux comprendre comment se développe et s’organise le temps vécu dans la psychose.