C - Les composants outside-in et inside-out selon Whitehurst et Lonigan (1998)

Dans leur classification, Whitehurst et Lonigan intègrent également la litéracie, le langage et les habiletés métalinguistiques mais proposent un nombre moindre de catégories. Les comportements sont classés dans deux composants supposés être interdépendants : la dimension outside-in et la dimension inside-out. La figure 1.1. illustre cette classification.

Le composant inside-out réfère à "la connaissance que possèdent les enfants des règles de transcription de l’écrit en sons qu’ils essaient de lire ou d’écrire" (notre traduction). Il inclut la connaissance du nom et de la valeur phonémique des lettres, l’écriture phonétique ainsi que les habiletés langagières telles les consciences phonologique et syntactique. Ainsi, lire une phrase dépend de la connaissance des lettres, de leur valeur phonémique, de leur correspondance graphophonémique, de la ponctuation, de la grammaire et de processus cognitifs comme être capable de se rappeler et d’organiser ces éléments pour en produire une séquence. Les processus inside-out représentent ainsi les sources d’information ou d’influence issues du mot écrit et de la phrase.

Figure 1.1 : La litéracie émergente et ses composants d’après Whitehurst et Lonigan (1998)
Figure 1.1 : La litéracie émergente et ses composants d’après Whitehurst et Lonigan (1998)

Figure 1.1 : les composants outside-in et inside-out de la litéracie selon Whitehurst et Lonigan. La lecture fluide requiert un nombre d’habiletés et de processus. Les flèches illustrent les relations réciproques entretenues entre les différents composants.

Les comportements inclus dans le composant outside-in englobent "la compréhension que manifestent les enfants du contexte dans lequel l’écrit qu’ils essaient de lire ou d’écrire se présente" (notre traduction). Les processus outside-in représentent les sources d’information ou d’influence externes au mot écrit. Ce composant couvre ainsi la compréhension des conventions de l’écrit, la lecture émergente (par exemple, lecture de l’écrit environnemental), le vocabulaire et la structure narrative. Lire une phrase, c’est saisir le contexte narratif, sémantique et conceptuel dans lequel se situe cette phrase et comprendre comment cette unité lexicale prend tout son sens dans un contexte particulier. Le tableau récapitulatif ci-après résume les deux systèmes de classification.

Tableau 1.1 : Composants de la litéracie émergente selon les deux systèmes de classification de Mason et Stewart (1990) et de Whitehurst et Lonigan (1998).

Note : les mesures de langage et d’habiletés linguistiques figurent en italique.
a : Peut inclure reenactments de livres familiers et/ou lecture d’écrits familiers dans l’environnement.

Si ces classifications diffèrent quant au nombre des composants respectifs, les comportements répertoriés sont très similaires et englobent tous les aspects des habiletés du langage oral et écrit. Les deux systèmes intègrent la connaissance conceptuelle sur la litéracie, la connaissance procédurale sur la lecture et l’écriture, certains aspects du langage (vocabulaire, narration) et les habiletés métalinguistiques, c'est-à-dire la conscience de la structure de la langue telle que la conscience phonologique. Toutefois, Whitehurst et Lonigan (1998) introduisent d’autres facteurs, cognitifs et conatifs, impliqués dans l’acquisition des habiletés de litéracie émergente et conventionnelle : la mémoire phonologique (capacité à rappeler une série de taille croissante de non mots ou de chiffres présentée oralement), la rapidité à dénommer (rapid naming) une collection de chiffres, lettres, couleurs ou objets et la motivation pour l’écrit (renvoie à l’intérêt de l’enfant pour les activités de lecture et d’écriture).

Sénéchal, Lefevre et al., (2001) ont analysé le concept de litéracie émergente décrit dans les deux systèmes de classification des comportements de Mason et Stewart (1990), Whitehurst et Lonigan (1998) et procédé à une évaluation critique de ce concept tel qu’il est abordé dans la littérature.