2.2. Liens entre exposition à l’écrit et compétences en lecture-écriture

Nous avons évoqué l’influence des pratiques de lecture familiale sur les habiletés précoces développées auprès d’enfants d’âge préscolaire. Les travaux relatifs au print exposure décrivent l’impact de l’exposition à l’écrit sur l’acquisition de la langue écrite. Il est admis que ce facteur expérientiel contribue au développement, à la précision et au stockage des représentations orthographiques. Ecalle et al., (2002) observent de meilleures performances en identification de mots chez les enfants qui bénéficient avec leurs parents d’un niveau d’exposition à l’écrit élevé. Dans cette même étude, les auteurs constatent, dans une tâche de production de mots, que les enfants qui partagent avec leurs parents un faible niveau d’exposition à l’écrit sont ceux qui produisent le plus de séquences illégales de lettres.

Dans une étude menée auprès de 26 enfants de CP, Cunningham et Stanovich (1998) examinent le poids de l’exposition à l’écrit sur le niveau de connaissances orthographiques à l’aide d’une analyse de régression hiérarchique. Ils observent que les scores enregistrés à l’épreuve de production orthographique sont liés à différentes épreuves phonologiques (r = .36) et que, même introduits après les scores phonologiques, les performances au TRT rendent compte à elles seules de 43.2 % de variance supplémentaire dans l’explication des performances au test orthographique.

L’effet de l’exposition à l’écrit ne concerne pas seulement les processus orthographiques développés par l’apprenti lecteur. Cunningham et Stanovich (1998) obtiennent des résultats analogues auprès d’élèves anglophones de 2ème année de primaire (CE1) suivis en 3ème année (CE2) qui soulignent l’existence de liens entre connaissances orthographiques et exposition à l’écrit. En CE1, les connaissances orthographiques sont évaluées à l’aide de divers tests. En CE2, le niveau de lecture mesuré permet de distinguer deux groupes de lecteurs et une version du TRT, de définir le niveau d’exposition à l’écrit. Les résultats indiquent que les bons lecteurs obtiennent de meilleures performances à la fois aux différentes épreuves orthographiques et au test de reconnaissance des noms d’auteurs.

Les conclusions de ces différents travaux mettent en évidence le rôle de l’exposition à l’écrit sur le développement des processus orthographiques impliqués en identification et en production de mots écrits, rôle d’autant plus déterminant que la contribution de ce facteur est indépendant du traitement phonologique.

C’est à l’aide de l’outil de mesure élaboré par Ecalle et al., (2002) que nous évaluons le niveau d’exposition à l’écrit des sujets de notre étude longitudinale (le contenu du questionnaire et les aspects méthodologiques sont détaillés dans la partie expérimentale).

La prise en compte des différences individuelles concernant l’exposition à l’écrit ainsi mesurée devrait nous permettre d’appréhender l’influence du contexte éducatif dans le développement de connaissances alphabétiques précoces comme dans les processus impliqués dans la réalisation d’activités de lecture et d’écriture. L’introduction de ce facteur dans notre étude nous permettra également d’en approcher l’impact sur l’acquisition de l’orthographe par apprentissage implicite à l’appui des travaux de Pacton, Perruchet et al., (2001) relatifs à la sensibilité précoce aux régularités orthographiques.