C - L’intérêt

Le terme intérêt est le plus souvent utilisé dans les recherches sur l’influence de l’environnement familial et plus spécialement sur l’influence concernant l’implication des enfants d’âge préscolaire dans la lecture. Il se rapproche davantage de la motivation intrinsèque que de l’attitude. L’utilisation de ce terme est généralement réservée à l’acte de lire ou à la situation d’être lu. Par ailleurs, parler d’intérêt plutôt que de motivation semble plus approprié lorsqu’il s’agit de tout jeunes enfants : un enfant peut-il être motivé pour lire alors qu’il n’est pas encore capable de le faire ? Comment pourrait-on évaluer cette motivation ? Scher (1996) avance que nos connaissances sur les motivations précoces sont limitées du fait qu’il n’existe que très peu d’instruments adéquats pour mesurer ces motivations auprès d’enfants qui ne sont pas encore lecteurs conventionnels.

Dans l’objectif de comparer l’influence respective de la litéracie familiale et de l’intérêt pour la lecture sur le développement du langage oral et celui des habiletés précoces relatives à l’écrit, Fritjers et al., (2000) ont élaboré une mesure de l’intérêt pour la lecture. Cette mesure est une adaptation d’une version de l’échelle "The Pictorial Scale of Perceived Competence and Social Acceptance for Young Children" proposée par Harter & Pike (1984) dont Fritjers et al., retiennent l’aspect méthodologique.

Il s’agit d’évaluer l’intérêt envers la litéracie et envers des activités s’y rapportant (lire, regarder un livre, aller à la bibliothèque, recevoir un livre en présent) de 92 enfants prélecteurs (âge moyen de 5,7 ans). A partir d’un support graphique illustrant chacune de ces quatre situations, l’enfant doit donner ses sentiments en choisissant parmi deux visages d’expression antinomique (gai, triste) celui qui lui correspond (e.g. Ce garçon aime/n’aime pas lire. Quel est le garçon qui te ressemble le plus ?). Puis sur la base de ce choix initial, il est invité à choisir entre deux cercles dont la dimension diffère (destinés à aider l’enfant à conceptualiser la comparaison), pour exprimer la magnitude de ses affects (e.g. Aimes-tu lire beaucoup ou juste un peu ?).

L’un des avantages de ce type d’investigation, réside dans le fait qu’elle porte directement sur ce que les enfants expriment de ce qu’ils perçoivent et ressentent pour ces activités de litéracie et non sur les informations approximatives ou biaisées par la désirabilité sociale recueillies auprès des parents. C’est à partir de cette échelle dont nous nous sommes inspirés, que nous avons élaboré une mesure d’évaluation de l’intérêt pour la lecture auprès des sujets de notre étude, scolarisés alors en grande section de maternelle.

Si le terme intérêt s’adresse plus particulièrement à l’étude de cette dimension conative auprès de jeunes enfants, on trouve néanmoins cette appelation dans des travaux concernant des élèves de collège. Schiefele (1996) note que ce dernier affecte significativement la compréhension de texte. L’intérêt porté à la lecture semble ainsi une variable motivationnelle importante influençant les différents aspects de la performance en lecture.

Quels sont les facteurs de motivation ? Nous en proposons une approche à travers les travaux d’auteurs qui recourent à ces différentes dénominations ; et nous utiliserons de préférence le terme de motivation avec toute la diversité qu’elle comporte.