II – Les connaissances phonologiques

Accéder à la maîtrise de la langue écrite exige de la part du futur lecteur, la mise en œuvre de mécanismes qui lui permettent d’établir des liens entre l’écrit et ses compétences linguistiques qui n’ont alors servi qu’à comprendre et à produire la parole (Alégria & Morais,1989). Parmi ces mécanismes, l’intervention des processus de traitement de l’information phonologique occupe une place essentielle et spécifique. La conscience phonologique ne découle pas totalement et automatiquement de l’acquisition du langage oral et n’est pas le produit naturel du développement linguistique. En effet, la compréhension des relations entre unités phoniques et unités graphiques suggère l’existence d’une capacité intentionnelle et consciente à manipuler et à réfléchir sur les unités phonologiques de la parole. Saisir qu’une différence entre deux mots (e.g., rateau et bateau) est phonologique, relève d’une réflexion consciente sur les unités d’autant moins accessibles qu’il s’agit de phonèmes, entités linguistiques formelles de description de la langue ne constituant pas des unités fonctionnelles de traitement (Bruck, Treiman, Caravolas, Genesee, & Cassar, 1998). Ainsi pour comprendre le principe alphabétique basé sur des correspondances graphèmes-phonèmes, lien phonologique indispensable à sa maîtrise, le futur lecteur doit prendre en compte la structure phonémique du langage et posséder une certaine représentation mentale des phonèmes. Avant de parvenir à cette conscience phonémique, condition d’appropriation de notre système de transcription alphabétique, le futur lecteur manifeste plusieurs niveaux de conscience phonologique. Ceux-ci correspondent à différents degrés de compétence dans l’analyse segmentale en lien avec la nature et la taille des unités de traitement. Plus précisément, l’apprentissage de la lecture s’appuie sur des représentations phonologiques sous-jacentes précisées en terme de degrés d’abstraction, d’unités représentées et d’accès conscient à ces unités (Morais, 2003).