Chapitre2 : Influence de l’intérêt précoce pour la lecture sur le développement de la litéracie

Dans notre travail, nous examinons conjointement les aspects cognitifs et conatifs contribuant au développement de la litéracie. En effet, comme nous l’avons évoqué dans la revue de questions, les tendances motivationnelles, en interaction avec des facteurs cognitifs, sont impliquées dans la réussite de l’apprentissage de la lecture (Onatsu-Arvilommi & Nurmi, 2000). Nous examinons l’influence de ce facteur conatif à travers l’intérêt porté par les jeunes enfants à des activités diverses autour du livre. L’intérêt précoce manifesté par les enfants de GS devrait promouvoir l’acquisition d’habiletés de litéracie émergente et participer ainsi au développement ultérieur de la litéracie. Dans leur recherche récente, Lepola, Poskiparta, Laakkonen et Niemi (2005) observent que les enfants d’âge préscolaire qui présentent un intérêt pour les tâches de lecture sont ceux qui manifestent à la fois une conscience phonologique et des connaissances sur les lettres les plus développées. Ce sont ces mêmes enfants qui présentent au CP, les meilleures compétences en identification de mots.

Nous nous attendons à observer des performances supérieures auprès des enfants témoignant d’un tel intérêt dans diverses tâches évaluant le niveau d’acquisition de composants de la litéracie émergente. Nous pensons cependant que l’intérêt pour la lecture soutient plus particulièrement le développement des connaissances alphabétiques. Si nous considérons la connaissance des lettres comme la marque d’une appropriation précoce de l’écrit alors, les enfants pour qui la lecture est une activité attractive devraient témoigner de compétences élevées en ce domaine, signe d’une attention particulière pour l’écrit et sa maîtrise. Par ailleurs, l’intérêt pour la lecture devrait susciter le désir de contact soutenu avec les livres et donc favoriser le développement d’une sensibilité aux régularités orthographiques et à la fréquence des mots écrits. L’effet de ce facteur conatif devrait également se manifester par une variabilité dans les performances relevées dans les épreuves de lecture et de production orthographique. A cet égard, le recours à différentes épreuves de lecture répond au souci de varier les conditions de mesure des processus d’identification de mots écrits, composante spécifique à la lecture : lecture de mots à voix haute et lecture silencieuse dans les tâches à choix forçé.

Ce chapitre se scinde en deux parties. Dans un premier temps, nous décrivons l’échelle de mesure à partir de laquelle nous avons déterminé le degré d’intérêt et constitué deux groupes d’enfants. Puis, dans un second temps, l’influence de cette dimension conative est examinée sur le développement d’habiletés impliquées dans l’apprentissage de la lecture ainsi que son poids dans l’acquisition de la langue écrite.