Chapitre 4 : Poids des connaissances alphabétiques sur la réussite en litéracie

Nous examinons les relations prédictives entre connaissances alphabétiques, habiletés phonologiques et compétences en lecture et écriture. Au cours de la période récente, les études longitudinales ont montré que certaines capacités initiales prédisent l’entrée et le déroulement de l’apprentissage scolaire. La capacité de dénommer les lettres est à cet égard reconnue comme l’un des prédicteurs préscolaires les plus puissants (Caravolas, Hulme,& Snowling, 2001 ; Muter, Hulme, Snowling, & Taylor, 1998). Les habiletés de sensibilité phonologique et les habiletés langagières se révèlent également être des fondations critiques de l’apprentissage de l’écrit (Gombert, 1990). Certaines habiletés préscolaires auraient davantage de poids que d’autres. Aussi étudions-nous la part de la contribution des connaissances du nom des lettres et de leur valeur phonémique ainsi que celle des habiletés phonologiques dans la réussite de tâches de lecture et d’écriture de mots en fin de CP. Des liens prédictifs sont également recherchés entre ces connaissances et habiletés précoces et les compétences en identification de mots, épreuve réalisée en CE2 par 49 sujets issus de la population initiale.

Nous réalisons des analyses de régression pas à pas pour examiner quels sont les scores relatifs aux connaissances des lettres qui expliquent les performances en lecture à voix haute, en production d’orthographe lexicale et en lecture silencieuse de mots isolés. Les résultats devraient nous permettre de démontrer la forte prédiction de la connaissance précoce du nom des lettres sur la réussite ultérieure en fin de CP, dans des épreuves de reconnaissance et de production de mots. Plus encore, nous pensons que la contribution de cette connaissance précoce du nom des lettres peut se manifester, en identification de mots, tâche proposée en début de CE2.

Pour chacune de ces analyses de régression, la variable dépendante est le nombre de réponses correctes enregistrées dans les trois épreuves de lecture et d’écriture. Les variables indépendantes sont les scores relevés aux trois sessions (N1, N2, N3) dans les trois tâches alphabétiques (comptine ALP, nom de la lettre NL, valeur phonémique de la lettre PL), dans les deux répertoires étudiés (capitales d’imprimerie RC et lettres scriptes RS). Nous étudions également le poids de l’intérêt pour la lecture. Quatre variables sont introduites prioritairement : l’âge (fin CP), l’intelligence non verbale (cubes de Kohs), le vocabulaire (EVIP) et le niveau d’habiletés phonologiques (THaPho). L’influence des trois premières variables sur l’acquisition des connaissances alphabétiques, de la conscience phonologique, des habiletés de lecture et la nécessité de les contrôler ont été démontrées par Castles et Coltheart (2004). L’entrée de THaPho à choix forcé se justifie d’une part, par le fait que cette variable ne peut dans cette étude, être considérée comme un prédicteur (temporel) au même titre que les connaissances alphabétiques dans la mesure où les épreuves phonologiques ont été administrées en milieu de CP. D’autre part, lorsqu’il s’agit d’étudier le poids d’un facteur dans l’explication des connaissances orthographiques, il semble judicieux d’introduire d’abord les scores obtenus dans les tâches phonologiques puisque les processus phonologiques interviennent pour une large part dans le traitement orthographique. L’épreuve d’intelligence non verbale a été administrée au cours du CP (décembre).

Deux séries d’analyse de régression pas à pas sont conduites afin d’étudier le poids de ces connaissances alphabétiques sur les performances observées en fin de CP et en début de CE2.