Contradictions sur le caractère religieux ou séculier

Enfin, les auteurs d’études sur le New Age sont en désaccord sur le caractère religieux ou séculier du mouvement. Une première position (soutenue par B. Wilson, M. J. Ferreux ou M. Harris, par exemple), considère que la « nouvelle conscience » tend à remplacer le religieux par le spirituel. Le New Age abandonne dogmes, institutions et obligations. En ce sens, le New Age ne retient de la religion que le spirituel :

‘Le New Age n’est pas une secte religieuse, son objectif n’est pas religieux, il n’a pas d’espace sacré, de dogmes, de sacrements et de prophètes éthiques, comme les appelle M[ax] Weber, ce sont des personnages leaders, qui réussissent à définir un modèle éthique alternatif à la société existante 49 .’

Le New Age, s’il ressemble à un retour du religieux, est en réalité une étape d’un processus de trivialisation de la religion, certains chercheurs le caractérisent de « pseudo-religion » ou de « quasi-religion ».

L’interprétation inverse, selon laquelle le New Age constitue une religion à part entière, est défendue par E. Barker, M. Warburg, M. Fox, R. Stark, W. Bainbridge, W. McLoughlin, par exemple. Pour ces auteurs :

‘Again for purely heuristic purposes, new religions can be considered religious in so far as they address and offer answers to some of the ultimate questions that have traditionally been addressed by mainstream religions. 50

La différence entre ces deux positions est fonction de plusieurs éléments :

  1. une interprétation différente du mouvement (certains y voient une quête narcissique et d’autres une orientation métaphysique) ;
  2. une conception différente de ce qui caractérise le phénomène religieux ;
  3. parfois, une prise de position, un « jugement » du New Age.

En effet, nier la religiosité du New Age peut être un moyen de le réduire à des pratiques narcissiques, un phénomène de mode, de consommation, ou un filon commercial (quand ce n’est pas une escroquerie d’un public crédule) ; cependant que reconnaître sa religiosité permet de lui accorder une transcendance, une sincérité et de le qualifier comme un objet d’étude « sérieux ».

Notes
49.

M. J. Ferreux, Sociologie des imaginaires et pratiques du New Age, 1997 p. 50.

50.

E. Barker and M. Warburg, New Religions and New Religiosity, p. 16.