Le mythe des fondateurs de la nation

Les pèlerins puritains, venus d’Angleterre et colonisant principalement la Nouvelle Angleterre, ont eu une influence démesurée dans l’histoire religieuse américaine. Comme le remarque Tocqueville,

‘Les principes de la Nouvelle-Angleterre se sont d’abord répandus dans les États voisins ; ils ont ensuite gagné de proche en proche les plus éloignés, et ont fini, si je puis m’exprimer ainsi, par pénétrer la confédération entière. Ils exercent maintenant leur influence au delà de ses limites, sur tout le mode américain. 55

Ce moment est raconté de la manière la plus classique par le New Age : un groupe de réfugiés fuit une persécution religieuse de la part des nations européennes, et vient trouver une terre d’asile, terre neutre et vierge – sinon de toute population, du moins de tout préjugé, injustice ancienne et persécution pour créer une nouvelle cité, pour fonder une nation sur ces principes de respect des libertés individuelles et en particulier religieuses. Si, dans la réalité, ceux que l’on appellera par la suite les Pères Pèlerins, (« Pilgrim Fathers ») ne sont les ancêtres que d’une minorité de la population américaine, dans la construction mythologique de l’identité américaine, ils sont devenus les ancêtres symboliques de l’ensemble de la population.

Les New Agers s’identifient aux Pères Pèlerins, qu’ils se représentent comme eux guidés avant tout par leur quête religieuse, membres d’une minorité, opprimés, et en quête de liberté pour donner corps à leur utopie. Dans le New Age on a donc une autre version du millénarisme : l’histoire des Etats-Unis permet de justifier l’émergence du mouvement et son succès américain, et de considérer que la fondation du pays le prédestine à se faire le champion de la liberté de religion, et le territoire de la mise en pratique de ses idéologies.

Notes
55.

A. Tocqueville, De la démocratie en Amérique, p. 30.