Ésotérisme, mysticisme et gnose

Depuis les premiers Chrétiens, l’ésotérisme est le pendant non-dogmatique et secret de la religion officielle. Son éclectisme cohabite avec un respect de la tradition et de rituels compliqués et longs :

‘Recours pour les espérances insatisfaites, ou refuge pour les illusions perdues, l’ésotérisme mêla au cours des siècles les contenus culturels les plus divers, touchant à la théologie, aux arts et aux sciences, entraînant dans son sillage une suite de notions connexes – astrologie, alchimie, magie, hermétisme – et de pratiques comme l’initiation. 129

Si l’on se base sur la description que fait A. Faivre de la tradition ésotérique chrétienne, on peut tenter de comprendre dans quelle mesure le New Age s’en inspire et dans quelle mesure il en constitue une perversion. En effet, sur les quatre éléments principaux que relève A. Faivre (recherche des correspondances, nature vivante, imagination active, illumination par la gnose) et les deux éléments secondaires (quête des concordances entre traditions, rôle des modes de transmission), seule l’expérience de l’illumination par la gnose ne se retrouve pas au sein du New Age. En effet, il y a dans le mouvement New Age plusieurs conceptions de l’acquisition de savoir, qui oscillent entre le démocratique et l’élitiste. A cela près, on peut donc considérer que le New Age constitue un développement de l’ésotérisme. Ses membres reconnaissent d’ailleurs cette parenté, et se revendiquent de la tradition du secret (Franc-maçonnerie, Rose-croix) dans ses expressions américaines :

‘Although it is rarely noted in histories of the American Revolution, many of the arch-Revolutionaries came from a tradition of mystical fraternity. Except for such traces as the symbols on the reverse side of the Great Seal and the dollar bill, little evidence remains of this esoteric influence (Rosicrucian, Masonic, and Hermetic). ’ ‘The Adams family, which produced two American presidents, belonged to a Druidic sect that had been persecuted in England. In the American Revolutionary period, Freemasonry was nearer its medieval beginnings and was more a mystical brotherhood than essentially the social lodge it became […].’ ‘Among the colonial Masons were George Washington, Benjamin Franklin, and Paul Revere. Fifty of the fifty-six signers of the Declaration of Independence are supposed to have been Masons. 130

M. Ferguson fait ainsi le lien entre l’importance des traditions ésotériques et la constitution des Etats-Unis et le rêve de démocratie. Elle attribue à l’ésotérisme de certains hommes politiques et militaires, la fraternité, la spiritualité, et une certaine mesure de pacifisme qui caractérisent la période révolutionnaire dans la représentation du New Age.

Notes
129.

J. P. Laurant « L’ésotérisme chrétien » in F. Lenoir, Y. Tardan-Masquelier, Encyclopédie des Religions, p. 687.

130.

M. Ferguson, The Aquarian Conspiracy, p. 121.