Chapitre II. Les autres apports Ethno-culturels

Nous pouvons répartir les éléments de renouveau culturel qui sont source d’innovation lors de la création de nouveaux mouvements religieux en trois catégories. Premièrement, l’intégration d’éléments étrangers à la culture du pays dans une nouvelle théologie (par exemple, l’influence de l’Asie par le biais de l’orientalisme constitue un apport novateur à nombre de groupes et mouvements du New Age). Ensuite, le maniement de concepts, traditions, ou systèmes religieux dans une dynamique de recomposition, permet le renouveau par mélange et métissage de l’existant. Enfin, l’invention « ex-nihilo » de nouveaux éléments (parfois dans une logique imaginative proche de la science-fiction), constitue une autre possibilité d’innovation.

Dans le contexte américain, l’histoire de l’immigration, ou plutôt des immigrations successives, constitue une source d’innovation culturelle et par conséquent religieuse. Le New Age se revendique d’ailleurs syncrétiste, pluriculturel, et s’enorgueillit du « melting pot » américain. Son « ouverture » aux traditions du monde entier, ainsi qu’à toute personne, indépendamment de sa race, de son origine ethnique ou nationale, invite à une analyse plus approfondie de l’histoire de la construction ethnique des États-Unis, des différents peuples qui ont participé à la création de la société américaine contemporaine. Nous traiterons donc, outre des « immigrants » à proprement parler (Européens, Asiatiques et latino-américains), de deux cultures à part : les Amérindiens et les Afro-américains. L’histoire de ces peuples aux États-Unis se définit avant tout comme l’histoire d’une oppression, mais leur influence sur la société américaine contemporaine, et sur la spiritualité alternative, ne s’en est pas trouvée amoindrie pour autant.

Le New Age tel qu’il se formalise est l’une des multiples manifestations de la religiosité diffuse des années 1950 et 1960. C’est en effet à cette période que s’effectue la sortie du conformisme, la sortie de l’explication monolithique de l’histoire, et que le syncrétisme devient possible. Au modèle unique, se substitue une multiplicité de modèles, et l’ethnicité est affirmée et revendiquée.