2. Les raisons d’un mythe : la place de la femme

De même, la relation hommes-femmes est un point sensible pour les New Agers en quête de repères à appliquer à leurs relations quotidiennes. Les religions primitives semblent souvent pouvoir offrir une alternative au patriarcat, au paternalisme et au sexisme des grandes religions monothéistes.

Les tribus amérindiennes sont souvent organisées autour du matriarcat, parfois les lignées de succession sont matrilinéaires, et le lieu de résidence des couples mariés est matrilocal (c’est le cas dans diverses proportions pour les Iroquois, les Crows, les Lakotas, les Arikaras et les Apaches). Beaucoup de ces tribus ont également des mythes fondateurs dans lesquels les personnages féminins occupent une place centrale. Pour les membres du New Age en quête de symboles et d’exemples qui prouvent la viabilité d’une société égalitaire, la société amérindienne peut donc constituer un argument, un modèle, ou un idéal. Cependant, l’observation du fonctionnement de ces sociétés démontre qu’il s’agit plus d’une répartition fonctionnelle des rôles que d’un choix éthique d’égalité – concept éminemment occidental et moderne. Matrilocalité et matrilinéarité sont avant tout des modes d’organisation sociale, le partage des différentes tâches n’en est pas moins sexiste (les femmes sont responsables de la récolte et propriétaires des terres, les hommes supervisent les activités de chasse).

Cependant, pour le New Age, la société amérindienne constitue un exemple d’autorité et d’influence féminine, et une tradition où la place de la femme, à la fois sur le plan pratique et sur le plan symbolique, est plus centrale que dans l’histoire des migrants puritains. Le New Age mobilise donc « l’indianité » et l’idéalise. La représentation de la société amérindienne permet de présenter l’égalité des sexes non plus comme une utopie dont la faisabilité reste à prouver, mais comme une tradition viable et efficace.