D. Le New Age et le syncrétisme américain

Aux Etats-Unis il existe depuis l’ère coloniale une tension entre l’acceptation et la glorification du processus d’immigration en tant qu’élément fondamental et constitutif du pays (dont l’idée du « melting pot » est une manifestation) d’une part, et des réactions de rejet et d’exclusion d’autre part (nativisme, protectionnisme, mouvements xénophobes et racistes).

‘[Des] contradictions apparaissent […] entre les proclamations humanitaires de la Déclaration d’indépendance, le cosmopolitisme d’un Paine et d’un Barlow et l’exclusivisme racial et culturel pratiqué à l’intérieur même du pays. 202

Depuis les années 1960, deux pôles se dessinent, avec d’une part les partisans de l’assimilation et d’autre part les défenseurs du multiculturalisme. Pour les assimilationistes, les immigrants doivent s’intégrer à la culture du pays, en abandonnant leur langue et leur attachement à leur pays d’origine, afin de se « fondre » dans le « creuset » de la nation américaine. Les partisans du multiculturalisme envisagent une société ouverte, qui tolère la diversité culturelle des immigrants, et où la diversité des cultures est glorifiée.

En termes de religion, cette même tension existe, entre le refus de tout ce qui n’est pas la « vraie religion » et l’acceptation d’un rôle de terre d’asile, qui se traduit par des principes de tolérance, des réalités de co-existence et de syncrétisme.

Le New Age n’échappe pas à cette double tendance. Ses porte-paroles l’annoncent comme un mouvement qui glorifie le mélange des cultures, ouvert à toutes les influences et tolérant de tous les systèmes de pensée. Ils s’approprient le mythe du « melting pot » (creuset des civilisations) américain, qui veut que la nation américaine soit un lieu privilégié de rencontre et de brassage ethnique, mais la rencontre fonctionne différemment selon les groupes ethniques concernés.

Notes
202.

E. Marienstras, Les Mythes fondateurs de la nation américaine, p. 340.