2. Le mécanisme d’assimilation

‘ In some settings [cultural] diversity was created by migration as peoples with different cultures mingled with one another. In others the expansion of the political unit brought a range of cultures into an emerging nation‑state. A third source of cultural pluralism was the internal fragmentation of the dominant culture. 206

Aux États-Unis, la diversité culturelle – et en conséquence, la diversité religieuse – sont souvent perçues comme conséquences des différentes vagues d’immigration, qui ont apporté un ferment innovateur. Nombre d’idées religieuses ont été incorporées à la religiosité américaine grâce aux immigrants. Cependant, lorsque l’on examine les modalités de cette assimilation, l’image idéalisée du « melting pot » se révèle inappropriée, les mécanismes d’assimilation américains étant en effet plus complexes.

L’acceptation ou le rejet de nouveaux immigrants se définit souvent selon les lignes religieuses. Dans l’ère coloniale, les Puritains de Nouvelle Angleterre constituent la population de référence, qui concentre le pouvoir. Par opposition, les marginaux (Baptistes et Quakers, notamment) se voient exclus du « Commonwealth » et se réfugient à Rhode Island.

Le mouvement de dénominationalisme est la première étape de l’élargissement du pluralisme. Il affirme l’identité chrétienne comme plus importante et fédératrice que les différences de doctrines. Si, dans la théorie, il considère l’Église Catholique comme une église chrétienne au même titre que les dénominations protestantes, dans la pratique américaine, au XIXème et début du XXème siècle, le pouvoir est avant tout aux mains des protestants blancs, marginalisant notamment les noirs, les Catholiques et les Juifs.

‘ Denominational doctrine first of all repudiates the insistences of […] the churches of the “magisterial” Reformation, and of most sects that they alone are the true Church. This naturally leads to the repudiation of the idea that all Christians under any government must be comprehended in a single church. More positively, the theory affirmed an inclusive conception of the church, whereby each communion was respected, and, within limits, none was denied the right to the Christian name. 207

C’est à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale que le consensus judéo-chrétien apparaît avec toute sa force. W. Herberg, historien de la religion américaine, parle dans les années 1950 d’un « triple melting pot » composé de protestants, de catholiques et de juifs, comme emblématique de la religion américaine. L’« anti-américain », notion fluctuante mais qui permet d’identifier les alliances et les exclusions du consensus national, s’est donc déplacé vers les religiosités non-bibliques, et plus encore non-occidentales.

La révolution contreculturelle des années 1960 aura pour objectif de lutter contre l’injustice faite aux minorités, le racisme et la xénophobie. Les religions ethniques et traditionnelles de tous les pays y gagnent donc leur acceptation dans la société américaine, dans la mesure où elles respectent les principes démocratiques, comme le montrent plusieurs procès des années 1960 à 1990 :

Notes
206.

S. Bruce, Religion in the Modern World, p. 45.

207.

S. Ahlstrom, A Religious History of the American People, p. 381.