2. L’âge d’or du mouvement du potentiel humain

Les années 1970 voient également la naissance et le développement du mouvement du potentiel humain (MPH). Ce mouvement se situe dans la lignée des mouvements thérapeutiques du XIXème siècle (Christian Science, New Thought), du Spiritualisme, puis des courants rassemblés à Esalen. Il s’inspire de psychologie humaniste, de l’attrait pour le paranormal, de la conception de l’homme comme composé également d’un corps physique, du mental et de l’âme, ainsi que de (presque) toutes les théories alternatives de guérison. Voici quelques exemples de groupes du Mouvement du Potentiel Humain : Analyse Transactionnelle*, est*, Thérapie Reichienne, Biothérapie, Thérapie Primale, Rolfing*, Gestalt Thérapie*, Rebirthing*, Training Autogène, Silva Mind Control, Yoga, Massothérapie…

Le principe commun à ces groupes et pratiques est la recherche d’une transformation, ou plus précisément, d’une expansion, de la conscience, tout en refusant l’usage des drogues. Leur orientation varie du plus séculier au plus mystique, certains se limitant à une pratique presque uniquement corporelle, alors que d’autres participent pleinement au mythe d’un Nouvel Age, qu’ils espèrent provoquer par leur transformation personnelle tout d’abord, puis par celle de l’humanité.

Le succès du Mouvement du Potentiel Humain dans son ensemble, s’explique par l’évolution des participants de la contreculture, qui en sortant de l’adolescence et en s’établissant dans la vie, recherchent un compromis entre la culture traditionnelle et l’expérimentation à laquelle ils se sont prêtés. Le Mouvement du Potentiel Humain est une sorte de compromis : alors que les Nouveaux Mouvements Religieux sont très souvent contestataires (R. Wallis les qualifie de « world-rejecting »), celui-ci se situe plus souvent dans une dynamique d’adaptation au monde, de transformation progressive depuis l’intérieur. En ce sens, il se place en marge de la spiritualité alternative, s’y apparentant au niveau thématique, mais demeurant plus proche de la société traditionnelle en termes structurels. D. Stone affirme qu’une telle position constitue un avantage, et que le mouvement représente souvent un modèle pour les participants de la contreculture :

‘ In this middle range are a number of younger enrollees from a countercultural background who are seeking more discipline and order in their lives. They want to clarify their values and intentions and to accomplish something lasting and tangible. They do not want to rejoin society at the point where they dropped out; they seek new gurus and models who are successful in terms of some of their parents’ values: clarity of purpose, power in the marketplace, organizational continuity, financial security. Many of the leaders mentioned in this volume are sought out for being successful in this world without being of this world. 265
Notes
265.

D. Stone « The Human Potential Movement » in R. Bellah, C. Glock, The New Religious Consciousness, p. 110.