Peu de New Agers qualifient la « nouvelle conscience » ou leur propre démarche de religieuses. S’agit-il d’un manque d’honnêteté ou de clairvoyance, ou cette attitude est-elle fondée sur une réalité ? Nous allons voir en quels sens les mouvements de la nouvelle spiritualité diffèrent d’une religion traditionnelle. Puis nous étudierons la tendance de substitution du spirituel au religieux.
La « nouvelle conscience » tend à remplacer le religieux par le spirituel. La distinction entre les deux réside dans le caractère institutionnel de la religion. Or, l’une des premières vocations du New Age consiste à abandonner dogmes, institutions et obligations. En ce sens, le New Age ne retient de la religion que le spirituel :
‘Le New-Age n’est pas une secte religieuse, son objectif n’est pas religieux, il n’a pas d’espace sacré, de dogmes, de sacrements et de prophètes éthiques, comme les appelle M[ax] Weber, ce sont des personnages leaders, qui réussissent à définir un modèle éthique alternatif à la société existante 333 . ’Les mouvements comme les participants revendiquent leur spiritualité, mais rejettent la notion de religion. Cette tendance se retrouve dans les interviews de Peggy, Samantha, et Ann. Samantha, par exemple, déclare :
‘The biggest thing for me was differentiating organized religion and a spiritual self, and… When that finally hits you, you wake up one day and it hits you and you go, ah, that’s what it is ! And that has just happened to me recently, after 20 years of searching. 334 ’Ainsi, la « nouvelle conscience » s’oppose au matérialisme d’une manière floue. Paradoxalement, l’absence du religieux se remarque particulièrement aux moments clés de la vie : plus de baptême, et la mort s’effectue dans un contexte bien différent :
‘Dans cette quête de sens liée à la mort, nous constatons dans cette forme imaginale du New-Age une absence du religieux, on ne remet pas son âme ou celle de ses proches à Dieu, avec foi et confiance. Il n’est d’ailleurs pas question de Dieu 335 .’Cette tendance est aussi illustrée par le déclin des mouvements les plus ouvertement religieux au profit des Mouvements du Potentiel Humain, ou du New Age. En effet, des groupes tel l’ISKCON, qui ont eu un grand succès et une expansion importante dans les années 1970, voient maintenant leur attrait diminuer. En leur lieu et place, des groupes à la vocation moins ouvertement religieuse et spirituelle sont les réceptacles d’un engouement de la part du public.
M. J. Ferreux, Sociologie des imaginaires et pratiques du New Age, p. 50.
Entretien avec Samantha, 19-04-2000.
M. J. Ferreux, Sociologie des imaginaires et pratiques du New Age, p. 477.