Rod

Rod a une soixantaine d’années. Il vit dans une grande maison sur une petite colline de La Mesa, où il me reçoit. Autour de sa propriété il possède des vignes, qu’il récolte à la main et dont il tire son propre vin.

Il a été élevé au sein de l’Eglise Baptiste, dont il a accepté les enseignements malgré un scepticisme toujours présent. C’est à l’âge de 30 ans qu’il a traversé une crise vocationnelle, à l’issue de laquelle il s’est investit dans l’Institut Œcuménique à Chicago. Ce Nouveau Mouvement Religieux combinait enseignement chrétien et action de justice sociale, dans un esprit d’ascétisme familial. Il a alors dévoué sa vie (et celle de sa famille) à ses idéaux d’égalité sociale, notamment au sein de la communauté noire de Chicago. Sa famille, l’une des 30 familles fondatrices, a vu l’expansion et le succès du mouvement (jusqu’à regrouper environ 2000 familles, réparties dans 200 communautés autour du monde), puis son déclin – en partie lié à l’échec des résultats (utopistes) escomptés, et en partie à des tensions intrafamiliales.

Aujourd’hui désillusionné et un peu amer, Rod demeure très sensible lorsque l’on aborde le sujet. Il continue de suivre les développements en matière de justice sociale et de fierté ethnique de très près. Il ne dénigre pas son passé activiste, et apprécie ce qui a été effectué. Mais l’objectif était démesuré, et il se rend mieux compte aujourd’hui de la distance qui reste à parcourir. Il s’investit à l’heure actuelle dans un Séminaire pour Jésus, prend des cours de yoga, et il est membre d’une église Charismatique, dont il apprécie la simplicité et l’engagement émotionnel, mais à l’égard de laquelle il émet quelques réserves : « they’re either wisest or very naïve. They pray for silly things, like, “Oh God please send me a color TV!” ». Il a une réflexion sur la spiritualité globale, et les différentes traditions, mais pense qu’il est illusoire de renier totalement ses racines.