Un public instruit et indépendant

Ce discours est d’ailleurs récurrent dans les interviews de cette catégorie. Pour quatre personnes (Rod, Pauline, Allison, Don Singer), le New Age est une « religion secondaire », une ouverture spirituelle qui complète leur implication dans une religion plus traditionnelle. Cependant, le terme « secondaire » n’est peut-être pas approprié pour qualifier cet investissement. En effet, pour un observateur extérieur, la prégnance des idées New Age, qui colorent et influencent la doctrine et l’esprit de la religion que l’on qualifie ici de « première », semble prédominer. Le lien entre les deux conceptions, parfois a priori opposées, est réalisé de manière érudite. Les personnes interviewées font souvent appel aux sources premières de leur religion (la Bible, la Torah), qu’elles interprètent de manière éduquée et parfois innovatrice.

Leur investissement peut être qualifié de rationnel, il s’agit d’un choix instruit car ces personnes ont (pour 6 d’entre elles) eu l’occasion de tester plusieurs systèmes. Leur attrait pour le New Age se fonde fréquemment sur des motivations d’ordre social : les quatre femmes – Allison, Pauline, Katherine, Macoe – sont critiques du sexisme des religions traditionnelles. Deux des trois hommes – Don Singer et Rod – manifestent une grande sensibilité et un engagement dans des questions de justice sociale.

Enfin, 6 des 7 personnes interrogées peuvent être caractérisés comme plutôt « solitaires » en terme de religiosité. Macoe, Rod, Sean, Allison, se définissent explicitement comme des solitaires en matière de religion. Katherine et Don Singer, s’ils ne se présentent pas ainsi, ont cependant tous deux élaboré leur propre système spirituel, ce qui témoigne d’une certaine forme d’indépendance. Celle-ci s’applique à l’égard du groupe et souvent également à l’égard des croyances.