L’influence du New Age sur ce terrain fertile, où il est si important d’être bien dans son corps, aura été de faire le lien entre le corps et l’esprit. Le courant moniste nie le dualisme qui opposait le corps, lieu de péché qu’il fallait contrôler, à l’esprit. La tendance est à libérer le corps, surtout pour les femmes, et ce courant se retrouve dans les techniques « d’expression corporelle » qui se développent.
Les nouvelles attitudes par rapport à la sexualité redéfinissent la chair, non plus comme manifestation de la tentation et objet de péché, mais comme source possible d’un plaisir que certains considèrent divin. Avec la dichotomie judéo-chrétienne entre corps et âme qui s’estompe, il n’y a plus de relation hiérarchique (le corps vaisseau sous le commandement de l’âme, que l’on peut situer dans le cerveau ou dans le cœur). La conscience corporelle, indissociable de l’enveloppe charnelle, en vient à constituer le soi, réceptacle de la personnalité. Dan Millman exprime ainsi cette vérité du New Age :
‘Here is the truth: consciousness is not in the body; rather, the body is in consciousness. And you are that consciousness; not the phantom mind which troubles you so. You are the body, but you are everything else too. That is what your vision revealed to you. Only the mind is deluded, threatened by change. So if you will just relax mindless into the body, you’ll be happy and content and free, sensing no separation. 472 ’Une conséquence de cette réunion entre le corps et l’esprit, est que l’on ne peut plus traiter, soigner, ou libérer l’un sans l’autre. Cette nouvelle compréhension de l’humain a des applications dans les thérapies mais aussi au niveau spirituel. Un grand nombre de pratiques corpo-psycho-spirituelles se développent. On peut citer dans cette tendance, le yoga, le tai chi chuan*, le reiki*, le rolfing*, la thérapie par le massage, les techniques de respiration, etc.
Plusieurs interprétations naissent de cette vision unifiante du corps-esprit :
- on peut soigner l’esprit en soignant le corps (massage, yoga, rolfing*…)
- on peut soigner le corps en soignant l’esprit (psychothérapies visant à parvenir à bout de certains problèmes physiques)
- la plupart du temps les pratiques s’adressent de manière conjointe aux deux niveaux.
Au niveau du diagnostic également, les problèmes corporels sont presque systématiquement interprétés comme symptômes de problèmes psychologiques (mal de dos, fatigue chronique, maladies chroniques, et même cancers sont considérés comme des signes d’un malaise intérieur).
A cette réunion du corps et de l’esprit s’ajoute une nouvelle cartographie du corps, fondée non plus sur la science occidentale mais sur la sagesse traditionnelle orientale : on parle de chakras*, de nadhis* (canaux d’énergie), de points d’acupuncture 473 . C’est une nouvelle « science » avec sa hiérarchie de la connaissance qui se met en place : le commun des New Agers sont conscients de liens de causalités complexes, mais s’en remettent au final à des spécialistes qui, seuls, peuvent expliquer le phénomène dans son ensemble.
D. Millman, Way of the Peaceful Warrior, pp. 89-90.
Si les praticiens maîtrisent bien cette « anatomie New Age », les participants en ont souvent une connaissance imprécise.