Confiance en soi / méfiance envers la société

Le manque de confiance en soi ressenti par les membres de cette catégorie s’exprime également dans un rapport partiellement conflictuel avec la société. Celle-ci procure une double aliénation, dans la mesure où elle refuse à une partie des individus l’accès à la considération sociale (financière ou professionnelle), et dans le même temps elle affirme offrir l’égalité des chances.

Les membres des classes sociales défavorisées manifestent une forme de méfiance à l’égard de la société qui nie les facteurs structurels de l’inégalité et dont le discours tend à blâmer les victimes. Pour ceux qui s’investissent dans le New Age, ce rejet de la rhétorique conventionnelle s’exprime dans le choix de visions du monde alternatives : par exemple, la croyance dans les phénomènes « psy » et paranormaux (ESP, etc.), et la théorie du complot 503 . L’utilisation d’explications paranormales dans l’interprétation de la politique nationale et internationale, à la manière de la science-fiction, rencontre également une certaine popularité (la plus classique et la plus extrême étant la théorie de la prise de pouvoir occulte par des forces extra-terrestres).

Si les gouvernements sont manipulés par des principes cachés, l’utilisateur du New Age se perçoit en opposition et parfois en lutte avec la société, dans la lignée du héros solitaire, hors-la-loi, qui œuvre envers et contre tous pour le bien de l’humanité, et qui fera son bonheur malgré elle. Il est seul à comprendre le pourquoi des choses, et ne cherche pas nécessairement à sortir de son ignorance la majorité bien-pensante et naïve, et de ce fait la protège. Au sein du New Age même, il y a une parfaite intégration de ces mythes fondateurs, et cette rhétorique se retrouve transposée du financier au spirituel, du statut social à l’harmonie cosmique.

Notes
503.

Théorie exprimée par Patrick (entretien du 11-02-2002) et dans une moindre mesure par Deidre (entretien du 12-02-2002).