Attitudes anthropocentriques des religions traditionnelles

Le New Age pose souvent un regard critique sur les religions traditionnelles, et notamment sur leur relation à la nature. Certaines de ces dénonciations portent sur l’anthropocentrisme. Un réel examen est nécessaire afin de déterminer si la critique porte sur le choix de mettre l’homme au premier plan, ou sur le type de relations cautionnées par une telle conception, à savoir une relation de domination. Les religions traditionnelles sont accusées de légitimer des relations de domination de la nature, dans un premier temps : la Bible par exemple, et en particulier l’Ancien Testament, placent l’homme, non seulement au centre de la création, mais aussi en seigneur et maître des créatures. Les enseignements bibliques seraient donc source de l’arrogance occidentale et de la présomption du droit de dominer la nature. Les autres religions, si elles ont parfois une attitude similaire, sont néanmoins moins directement visées dans la mesure où les traditions non-européennes n’ont pas donné lieu à une exploitation de la nature d’envergure similaire.

‘ In this light, religious traditions need to examine their own role in creating the disaster, rethinking the anthropocentrism of all our major religious traditions. Further, it must be admitted that whatever their theological attitude toward the earth, religious traditions were pretty much blind to the environmental crisis until it was pointed out to them by others. While many religious leaders were suspicious of science’s claims when they conflicted with scriptural narratives, few were critical of technological advances and the threats they posed. Romantic poets, spiritual mavericks such as Thoreau, phenomenologists such as Edmund Husserl and Martin Heidegger, and Western Marxists […] – these were the voices that challenged the dominant Western treatment of nature, not those of ministers, priests, popes, or rabbis. 659

La seconde critique adressée aux religions traditionnelles, est celle de l’inaction et de l’absence d’initiatives face à l’urgence. Une telle critique se situe dans une analyse globale des religions occidentales (et notamment américaines) qui refusent d’entrer dans un débat qui pourrait faire perdre des fidèles au profit des dénominations concurrentes : c’est celle qui est adoptée face au débat sur l’esclavage, sur la place des femmes, et au cours de la seconde guerre mondiale. Ces débats qui ont partagé l’opinion publique entre moralité et intérêts, ont trop souvent vu, selon les New Agers, les églises traditionnelles se ranger du côté des intérêts matériels, du statu quo, et de la majorité conservatrice. L’enjeu contemporain de sauvegarde de la planète fait apparaître les mêmes lignes de rupture, et une fois encore les religions traditionnelles ne changent leur discours qu’après le consensus dans l’opinion publique, une fois que la bataille est déjà terminée.

Notes
659.

D. L. Barnhill, R. Gottlieb (eds.), Deep Ecology and World Religions: New essays on Sacred Ground, 2001, pp. 2-3.