Le New Age pose sur le monde contemporain un regard désabusé et critique des évolutions technologiques de la modernité, en particulier sur les phénomènes de pollution et de destruction massive de l’environnement. En réaction, la première attitude consiste à s’investir dans une protection active de la planète. Ainsi, nombre de New Agers s’impliquent dans des associations et groupes de défense de l’environnement (Earth First!, Greenpeace, droits des animaux, etc.). Comme nous l’avons vu plus haut, pour un certain nombre de New Agers, notamment ceux issus de la génération du baby-boom, l’activisme constitue une véritable tradition. De plus, pour ceux qui se sont impliqués dans les mouvements de droits civiques, et qui auraient perdus leurs illusions quant à l’homme, la structure du politique, ou la possibilité de faire évoluer les choses, le domaine de l’écologie demeure une cause à part. Tout d’abord, elle est fondamentale : sans survie de la planète, toutes les autres causes disparaissent. Ensuite, la planète, ou Gaïa, est un emblème à la fois de puissance, de faiblesse, et d’innocence. Son universalisme n’a de commune mesure que sa fragilité, et elle génère une relation dans le même temps filiale et nourricière.
Bon nombre de New Agers ont ainsi une affiliation à un ou plusieurs mouvements de protection de la planète ; le New Age réitère l’impératif biblique : « Love thy mother ! », et place souvent ce combat au tout premier rang. Le respect de la planète par le biais d’actes « earth-friendly » (co-voiturage, recyclage des déchets ménagers, compostage, utilisation de bombes aérosols qui protègent la couche d’ozone…) est parfois encouragé dans les magazines New Age. Certains auteurs incluent également des incitations à s’impliquer dans des actions écologiques (c’est le cas de Starhawk dans The Spiral Dance). M. Ferguson cite la prise de conscience du processus de destruction de la planète, les changements d’attitudes et de comportements (elle évoque la consommation, le choix de la taille de la famille, et des loisirs), la possibilité de construire des communautés écologiques (« Ecotopian communities »), et les événements festifs (festivals, foires et expositions) autour de la préservation de la planète. 663 D’ailleurs beaucoup de New Agers s’investissent dans un ou plusieurs groupes (cf. interviews)
Et réciproquement, un aspect spirituel est présent dans la constitution de nombreux groupes de protection de l’environnement. C’est le cas de Greenpeace :
‘The original group rented a boat and traveled to the site of a nuclear test at Amchitka, Alaska, hoping that their actions would both raise public awareness of the issue and prevent the test itself. During the journey, those aboard the ship read a book of Indian legends and adopted one of its prophecies as particularly meaningful for their own mission. According to the legend, "[t]here would come a time, predicted an old Cree woman named Eyes of Fire, when the earth would be ravaged of its resources, the sea blackened, the streams poisoned, the deer dropping dead in their tracks. Just before it was too late, the Indian would regain his spirit and teach the white man reverence for the earth, banding together with him to become Warriors of the Rainbow." Greenpeacers thus became the Warriors of the Rainbow (and their ship the Rainbow Warrior) and in so doing added a millenarian element to their mission. They believed that humankind's destruction of the environment was leading to an imminent apocalypse and that they could help prevent it. They hoped to remake society in the image of their vision: a nuclear‑free, ecologically sensitive community. 664 ’De même les mouvements plus engagés (et peut-être à plus forte raison ces mouvements radicaux) font appel à une perception spirituelle du monde. M. Foreman, l’un des fondateurs et principaux fondateurs de Earth First !, groupe écologiste radical, a été, dans les débuts du mouvement tout au moins, influencé par les écrits de Starhawk. Cette influence apparaît dans la charte idéologique écrite en 1980 (le dernier élément sera supprimé, mais n’en demeure pas moins révélateur d’un état d’esprit lors de la création du mouvement) :
‘A September 1980 memo written by Foreman contains the following “Statement of Principles”:’ ‘‑Wilderness has a right to exist for its own sake’ ‘‑All life forms, from virus to the great whales, have an inherent andequal right to existence’ ‘‑Humankind is no greater than any other form of life and has no legitimate claim to dominate Earth’ ‘‑Humankind, through overpopulation, anthropocentrism, industrialization, excessive energy consumption/resource extraction, state capitalism, father‑figure hierarchies, imperialism, pollution, and natural area destruction, threatens the basic life processes of EARTH’ ‘‑All human decisions should consider Earth first, humankind second ’ ‘‑The only true test of morality is whether an action, individual, social or political, benefits Earth’ ‘‑Humankind will be happier, healthier, more secure, and more comfortable in a society that recognizes humankind's true biological nature and which is in dynamic harmony with the total biosphere’ ‘‑Political compromise has no place in the defense of Earth’ ‘‑Earth is Goddess and the proper object of human worship. 665 ’Plusieurs mouvements environnementaux s’inspirent de la religiosité du New Age et en particulier des aspects néo-païens, pour les abandonner par la suite. En effet, la centralité de leur objectif exige une ouverture à toutes sortes de publics, y compris des membres d’Eglises traditionnelles. Dans l’esprit, ils n’en demeurent pas moins proches de la spiritualité alternative.
M. Ferguson, The Aquarian Conspiracy, pp. 357-359.
M. Lee, Earth First!, p. 8.
Ibid., p. 38.