4. Des pratiques créatrices

Les pratiques des acteurs dans leur relation à la planète visent à participer à sa sauvegarde, un programme qu’ils envisagent d’accomplir en créant et en renforçant le sentiment filial de l’homme à sa Mère la terre. La pratique principale est donc celle qui vise à cultiver un lien, la pratique secondaire est une action plus immédiate de « sauvetage ».

Dans ce cadre, l’aspect émotionnel de la spiritualité est exploité, avec des pratiques comme celles qui consistent à embrasser les arbres (« tree-hugging »). Le lien intime et affectueux est introduit dans le quotidien, au moyen des activités de loisirs. Le jardinage est chargé dans le New Age d’une valeur symbolique qui le place au rang d’actions plus ouvertement spirituelles, il est perçu comme une application matérielle de principes philosophiques, une spiritualité pratique (« hands-on »), dont la dimension morale est revendiquée par de nombreux auteurs, à la manière de Starhawk :

‘I shifted my personal practice to spend some time each day in nature, observing what is going on around me, whether I'm in the forest or in a backyard in the city. I began reading and studying, attending conferences; I took a permaculture design course that offered training in reading the land, working with nature, and in ecological design. The garden began talking louder and louder. “Grow food,” the garden said. “Do you realize how much I travel?” “I don't care, just grow food. Because when you eat food grown on the land, you become the land.”’ ‘Growing at least some food for myself and my friends and family became part of my personal spiritual practice. I began to look not just at food but at the herbs and plants we use in magic in a new way. They were no longer just names gleaned from old books but real characters that I had an ongoing relationship with. 708

Ce type de pratiques offre de multiples avantages, qui se concrétisent en une connaissance intuitive, physique, immédiate de la nature (terre sur les mains, etc.) qui exclut le sentiment de peur. Dans le même objectif, les séjours prolongés au sein de la nature sauvage, que ce soit aux Etats-Unis ou dans d’autres haut-lieux des forces terrestres (lieux souvent marqués de paysages grandioses), permettent de se convaincre de l’interdépendance et de la sacralité de toutes formes de vie ; la philosophie écologique est donc confirmée par l’expérience. De plus, la familiarité avec la nature sauvage permet de se libérer de la peur. Or, la peur, dans le New Age, est la première des émotions négatives qui empêche toute illumination et toute progression spirituelle. Dans le contexte écologique, la peur de la nature fait obstacle au sentiment de filiation, empêche l’avènement de l’Harmonie (synergie entre l’humain et le vivant), ainsi qu’une guérison de Gaïa par le biais de l’énergie. Le contact pragmatique avec la terre que procure le jardinage, permet de développer une conscience immédiate de la capacité nourricière de la nature qui, sans cela, devient de plus en plus théorique pour les citadins. En dernier lieu, la manifestation de la Nature qu’est le jardin est personnifiée et se met à communiquer avec les humains. Ainsi, l’une des particularités de la communauté de Findhorn (qui est considérée comme l’un des berceaux du New Age) est l’harmonie qui règne entre les hommes et les plantes et qui se manifeste dans une nouvelle forme d’agriculture. Les « Devas* » des plantes sont consultés par les jardiniers au cours de séances de méditation pour connaître leurs besoins, ce qui permet d’obtenir une productivité décuplée.

La magie est utilisée à plusieurs niveaux de l’action environnementale (action directe de protection, action indirecte sur les hommes politiques, les décideurs, et l’ensemble de la population). L’activisme pacifiste et non-violent (tel qu’il fut popularisé par Gandhi) rentre également dans le spectre d’action des New Agers environnementalistes, qui s’engagent dans des grèves de la faim, incarcérations, sit-ins dans les arbres ou sur les chantiers constituant une menace pour l’environnement. Ces tendances sont d’autant plus marquées que le New Age et le néo-paganisme ont des préoccupations pacifistes, qu’ils apparentent au combat écologiste, comme en témoignent des publications telles que Pagans for Peace Newsletter.

Notes
708.

Starhawk, The Spiral Dance, p. 8.