Fonction rédemptrice de l’indigénisation

L’héritage de la culpabilité nationale, aux Etats-Unis, est l’un des résultats de l’histoire de la colonisation et de l’extermination des Amérindiens. Le New Age fait preuve d’une volonté de reconnaître l’injustice et la violence de cette période de l’histoire, et d’une tentative d’assumer la culpabilité collective au niveau individuel – puisque c’est à ce niveau que tout se joue dans la nouvelle conscience. Nous pouvons ainsi constater un poids symbolique expiatoire dans certaines pratiques New Age, et en particulier dans l’identification aux peuples indigènes sacrifiés. Les New Agers ont en effet des interprétations morales variables du processus de colonisation et/ou d’extermination des peuples. Pour certains, il s’agit d’une faute commise par des Occidentaux ethnocentriques et belliqueux. Pour d’autres, l’avènement de la modernité passe par le sacrifice nécessaire de certains peuples, et ce n’est qu’avec le couronnement de l’évolution que représente le Nouvel Age que peut s’effectuer une prise de conscience. Le renouveau d’attention qu’obtiennent les indigènes dans la nouvelle conscience tient lieu de résurrection. L’appropriation des traditions indigènes permet, outre de les faire revivre, de leur donner une nouvelle dimension, universelle et post-moderne (donc vouée à l’expansion). L’ « indigénisation », processus par lequel le New Age idéalise les autochtones, s’approprie leur culture, et « devient Indien » a donc une fonction rédemptrice.