3. Le système inégalitaire et sa perpétuation

Les relations qu’entretient le New Age avec les peuples indigènes est donc ambivalente, et contient en germe des tendances colonialistes et impérialistes insidieuses, notamment dans la mesure où il cautionne l’ordre mondial. L’inégalitarisme latent du New Age, dont nous avons pu observer les effets à divers niveaux, est également à l’œuvre dans les relations internationales, et notamment les relations des membres d’Etats-Nations aux indigènes. L’aspect qui nous intéresse, à savoir le New Age américain, s’exprime plus particulièrement avec les amérindiens. L’action conjuguée des producteurs, des acteurs, et des consommateurs et utilisateurs perpétue un système inique, selon une dynamique souvent insidieuse, qui passe par l’idéalisation et fige des peuples vivants et complexes dans une simplicité caricaturale.

L’indigénité est ainsi réduite au respect de la nature, limitée par les critères de l’authenticité, et définie par la simplicité du mode de vie, la position de victime, l’originalité des traditions folkloriques en contraste avec le standardisé et le mondialisé. La notion de pan-indigénité – puisant sa justification dans le mythe de l’indigène universel – pour séduisante qu’elle soit dans ses aspects universels, n’en est pas moins un élément central du discours réductionniste « sur » les indigènes.

Cependant, le New Age a également un potentiel égalitaire, qui s’exprime dans la participation aux combats politiques, la mise à disposition d’outils, et le partage de causes communes. L’éducation, à la fois des indigènes et des occidentaux, est considérée comme un processus indispensable à l’amélioration des conditions de vie, à la prise de conscience de l’inclusion des dynamiques locales dans une logique mondiale, et éventuellement à la remise en question des schémas d’oppression. Les enjeux sur la manière dont elle est dispensée sont cependant complexes, en sorte que cet outil est à manipuler avec précaution.