Nation of Islam

Marcus Garvey (1887-1940), immigré Jamaïcain, fonda en 1914 le « Universal Negro Improvement Association » dans l’objectif de rassembler tous les Afro-Américains pour retourner en Afrique. Son mouvement contribua considérablement à ré insuffler un sentiment de dignité ainsi qu’une conscience de la spécificité de la condition afro-américaine. Un mouvement quelque peu similaire, et précurseur de l’Islam Noir, a été le Temple de Science Mauresque, fondé par Timothy Drew en 1913, qui affirmait l’origine asiatique des Afro-Américains, incitant ces derniers à abandonner une tradition d’oppression et de se réapproprier une tradition culturelle glorieuse.

En 1930, Wali Farad Muhammad, prétendant à la succession de T. Drew, fonda un Temple de l’Islam à Chicago. Robert Poole, plus connu sous le nom de Elijah Muhammad, pris sa suite. Il défend une théologie qui fait de la Nation Noire (les Afro-Américains) le « peuple élu » et des blancs une race inférieure. C’est également une vision post-millénariste, selon laquelle la venue de Dieu appartient au passé, la vie après la mort n’existe pas, et qui attend de l’an 2000 le règne de la Nation Noire sur terre. 822

Emprisonnés pendant la Deuxième Guerre Mondiale, pour avoir refusé de tuer si ce n’est sur les ordres d’Allah, les dirigeants du mouvement reprennent l’initiative en 1946. Dans le contexte de lutte pour les droits civils des années 1950 puis 1960, le succès d’un mouvement qui place l’Afro-Américain au centre de la création va croissant. La conversion de Malcolm X et son charisme introduisent le mouvement dans les ghettos avec un grand succès, en donnant au mouvement une orientations sociale et politique. En 1964, il se sépare du mouvement pour fonder la Mosquée Musulmane puis l’Organisation d’Unité Afro-Américaine. Il sera assassiné en 1965. Louis Farrakhan, un proche de Malcolm X, reprend la tête de la Nation d’Islam. Il entretient la rage afro-américaine et poursuit la rhétorique haineuse de supériorité de la race noire. Il allie d’ailleurs racisme anti-blanc à des éléments anti-Sémites.

Notes
822.

J. H. Franklin, From Slavery to Freedom : A History of Negro Americans, 1980, p. 413