Science Chrétienne

En 1862, Mary Baker Eddy (1821-1910) avait passé la majeure partie de sa vie adulte à lutter (sans grands résultats) contre la maladie. Les soins de P. Quimby déclenchèrent une guérison rapide. Elle fut élève de ce dernier pendant quatre ans, puis peu après sa mort, commença une carrière de guérisseur et de professeur. En 1879, elle fonde l’Église du Christ Scientiste (Science Chrétienne), qui s’appuie sur l’ouvrage clé de M. B. Eddy : Science et Santé (publié en 1875). Sa philosophie de la santé et de la guérison, inspirée de la pensée de Quimby, comporte cependant un aspect chrétien plus développé. Malgré tout, c’est plus une science de la santé qu’une véritable théologie, qui, fréquemment révisée du vivant d’Eddy, deviendra une seconde bible au sein du mouvement.

M. B. Eddy considère que sa conception de la guérison a en réalité été révélée par Jésus dans le Nouveau Testament. D’après la Science Chrétienne, la maladie et la mort viennent d’une conception matérielle de l’homme, alors que celui-ci est en réalité parfait et immortel, et ne peuvent être guéris que par une réalisation de la nature parfaite et infinie de l’homme, qui implique à son tour une transformation radicale de nos attitudes et schémas de pensée. La santé physique, la paix intérieure et la réussite – économique entre autres – sont le signe d’une relation juste au divin. La Science Chrétienne se trouve à l’intersection du détachement de ce monde et d’une recherche matérialiste de la santé.

Le principe de toute guérison réside donc dans le rétablissement de la relation au divin, c’est-à-dire de la confiance en Dieu et en la perfection humaine. Les pensées négatives ou impures, orientées vers la maladie, sont à proscrire, parce qu’elles donnent corps aux illusions que sont le mal et la maladie. La prière est utilisée dans une veine très semblable à celle des Transcendantalistes, comme une communion silencieuse avec Dieu. 824 W. A. Clebsch interprète le pragmatisme et le réductionnisme de la Science Chrétienne comme des caractéristiques typiquement américaines, qui se répandent par la suite très aisément dans les dénominations les plus aisées. 825 La Science Chrétienne est en cela précurseur du New Age, qui comprend un nombre réduit de fidèles, mais dont les théories sont acceptées par de nombreux membres d’églises traditionnelles.

Notes
824.

S. S. Frankiel, California's Spiritual Frontiers: Religious Alternatives in Anglo-Protestantism, 1850-1910, 1988, p. 67

825.

W. A. Clebsch « American Religion and the Cure of Souls » in R. N. Bellah, W. G. McLoughlin, Religion in America, 1968, pp. 253-254