Chapitre 1. Le chaos confessionnel

"Ayez pitié de la nation qui abrite mille croyances, mais qui est dépourvue de religion."
Khalil GIBRAN

1.1- La mixité libanaise

La république du Liban (correspondant à la prononciation [loubnân] en arabe)est un petit pays de 10 400 km, soit l’équivalent d’une surface trois fois moindre que celle de la Belgique et de deux fois moindre que celle d'Israël (20 770 km ); sa longueur est d’environ 250 km sur 40 km à 70 km de largeur. Le pays est limité nord et à l’est par la Syrie, au sud par Israël (Palestine) et à l’ouest par la Méditerranée.

Le relief du Liban est formé à l’ouest par une chaîne de montagnes — les monts Liban —, qui domine une étroite plaine côtière, et à l’est par une seconde chaîne de montagnes parallèle à la première : l'Anti-Liban adossé à la Syrie et le mont Hermon au sud; entre les deux, s’étend le haut plateau de la Békaa (cf. annexe p.459).

Le nom du Liban (en arabe Loubnân) vient d’un mot araméen signifiant «la montagne blanche», c’est-à-dire celui de sa chaîne de montagnes toujours enneigées : les monts Liban, désignés aussi par l'expression la Montagne. Le Liban compte à peine 4100.000 habitants. La capitale, Beyrouth, compte plus d'un million d'habitants. Les villes importantes sont les suivantes : Tripoli, Saïda, Tyr, Nabatieh, Baalbek, Zahlé, Jounieh.

Le Liban est un pays très homogène sur le plan linguistique. En effet, 98 % de la population parle l’arabe ou l'une de ses variétés. La majorité de la population parle l'arabe levantin du Nord, appelé aussi arabe libanais. Au point de vue linguistique, l'arabe classiquedemeure la langue officielle du Liban, l’arabe libanais (ou levantin du Nord), la langue d’usage. L'utilisation du Français reste courante, notamment au sein des communautés chrétiennes, surtout les maronites, alors que l’Anglais est davantage privilégié dans les communautés musulmanes et, en général, dans les échanges commerciaux. Les Arméniens et les Kurdes ont conservé leur langue d'origine, mais parlent également le Français (Arméniens) ou l'Anglais (Kurdes).

En raison de l’histoire du Liban, le français et l’anglais, en plus de l’arabe classique, demeurent des langues relativement pratiquées comme langues secondes. Étant donné que les Libanais ont toujours été de grands commerçants, les connaissances des langues étrangères sont une pratique courante. En effet, presque tous les Libanais parlent l’arabe classique, 45 % le Français et 40 % l’Anglais. En général, le Français est répandu dans les familles chrétiennes et dans les couches aisées musulmanes; la majorité des musulmans ont tendance à être plutôt anglophones. Il s’agirait d’un trilinguisme presque diglossique où l’arabe serait utilisé à la fois comme langue maternelle et comme langue vernaculaire, le français servant essentiellement comme langue de culture et l’anglais comme langue fonctionnelle pour les communications avec l’extérieur.