La mosaïque musulmane

Etant ce qu’il est, c’est-à-dire une religion et un code de vie social, juridique et politique, l’Islam est la religion d’état des pays musulmans. L’islam comprend trois confessions :

La Sunna, qui signifie “manière d’agir”, est à l’origine de l’ensemble des traditions rapportées par la communauté islamique primitive. La doctrine sunnite est toujours majoritaire aujourd’hui au sein de l’Islam.

La présence de la communauté sunnite au Liban remonte à l’époque des Arabes qui ont conquis le Liban et tout l’Orient, auparavant chrétiens. Leur arrivée vers le milieu du VIIème siècle avait pour but d’islamiser les peuples qui habitaient le Liban et les pays voisins.

Les Sunnites sont appelés ainsi, parce qu’ils se réclament de la sunna, c’est-à-dire de la tradition de Mahomet, et représentent l’Islam orthodoxe.

La communauté sunnite occupe, d’un point de vue politique, social et culturel une position de premier plan, due principalement au fait que le Liban a été dominé durant dix siècles par les empires à majorité sunnite.

Les Sunnites sont dispersés dans toutes les principales villes côtières où ils forment la majorité – Beyrouth, Tripoli et Saïda – et Baalbek dans la Békaa, et le plateau du Akkar, mais ont une présence très réduite dans la Montagne libanaise, où les Maronites et les Druzes cohabitent depuis des siècles.

La communauté chiite est la seconde branche de l’Islam. Sa présence au Liban date du VIIIème siècle. Les Chiites ont été persécutés par des guerres avec les Omeyades-sunnites ; réfugiés, ils s’installèrent de préférence dans les montagnes du Sud – Jabal-Amel – et surtout dans le Kessrouan au Nord où ils furent massacrés avec les Maronites par les Mamelouks sunnites dans une véritable guerre de religion, au début du XIVème siècle. Les Chiites sont subdivisés en deux communautés, les Ismaéliens et les Alaouites.

Les Chiites n’ont pas de différences dogmatiques et morales avec les Sunnites, au contraire, ils ont les mêmes croyances, mais leurs traditions et leurs coutumes juridiques diffèrent. Ils refusent de reconnaître la succession de Mahomet, c’est-à-dire que le Calife soit choisi seulement dans la descendance de la famille du prophète. Pour eux, la responsabilité spirituelle et politique de la communauté a été léguée par Mahomet à certains de ses descendants, les imams, les “ guides”. Les premiers d’entre eux sans compter Mahomet et sa fille Fatima, sont Ali puis ses fils, Hasan et Hussein.

Au Mont-Liban, ils se sont installés depuis leur arrivée au Liban près de la Békaa, mais à cause des persécutions et des massacres subis de la part des Mamelouks, ils ont presque disparu de la Montagne libanaise, sauf de la région de Jbeil où ils cohabitent avec les Maronites.

La troisième grande communauté qui se proclame islamique est constituée par les Druzes, dont la présence au Liban apparaît au XIIème siècle. La religion druze au fur et à mesure s’est écartée de l’Islam traditionnel, sunnite ou chiite. Pour elle, la connaissance du dogme est réservée exclusivement aux initiés dits « Al-Okkala’a », c’est-à-dire les sages ; ce qui fait apparaître la religion comme une religion secrète.

Les Druzes admettent des éléments religieux empruntés à l’Islam, par exemple l’unicité de Dieu. En revanche, ils ont des croyances contraires à la théologie islamique (la métempsychose ou la réincarnation des âmes après la mort). Ils furent combattus et persécutés par l’Islam orthodoxe, et ils se retranchèrent pendant des siècles dans la Montagne libanaise.

Les druzes ont marqué l'histoire de la montagne libanaise avec les dynasties Maan et Shehab et ont œuvré à sa prospérité avec les maronites. Ils ont mis à profit l'amitié nouée à certaines périodes avec les maronites pour s'assurer le soutien de l'Europe de l'Ouest (dont bénéficiaient les maronites) et pour consolider l'autonomie de la montagne.

L’identité historique du Liban se révèle selon l’expression de M. CHIHA : « Sous le signe constant de la foi. De sorte que nous voilà devenus une mosaïque religieuse sans équivalent sur la terre, et qu’à l’intérieur de la nation et de la cité, nous ne savons plus ne nous nommer que par notre croyance ou notre liturgie. Et la diversité dans l’ascendance et dans la foi a fait en bonne partie la diversité dans les mœurs et dans les lois comme les statuts personnels nous en témoignent… » (CHIHA, 1964, p.50).

Ainsi, grâce à sa position géographique, le Liban est devenu un lieu de rencontre de l’Occident et de L’Orient. Au fil de l’histoire, il est devenu un pays-refuge pour plusieurs communautés religieuses. Et par conséquent, il est devenu un lieu de rencontre de deux grandes religions monothéistes : le christianisme et l’islam

Quel sens porte le mot "communauté" dans ce pays et quelle est l’importance de l'appartenance communautaire dans ce contexte géographique précis : le Liban ?