1.2- La communauté libanaise

Dans la société traditionnelle, culture et religion englobent toute l’existence d’un individu, qui se réfère dans tous ses actes à un système unique. Le groupe ou la société porteuse de ce système s’appelle alors « communauté ».

Plusieurs ont essayé de donner une définition au mot « communauté » : les uns ont défini les communautés comme des unités structurales d’organisation et de transmission culturelle et sociale ; les autres comme des collectivités dont les membres sont liés par un fort sentiment de participation. Qu'importe, la communauté reste un groupe social caractérisé par le fait de vivre ensemble, de posséder des biens communs, d’avoir des intérêts communs, un but commun.

La communauté est « un groupement, un ensemble, un agglomérat de gens ; la Taifas (en arabe), le groupement confessionnel dit religieux dans le monde proche oriental » (KODMANI, 1987, p.73).

‘« D’après la tradition, qui a une force si particulière dans les pays d’Orient, la « communauté » apparaît comme une collectivité de personnes vivant dans un pays ou une localité donnés, ayant une race, une religion, une langue et des traditions qui leur sont propres, et unies par l’identité de cette race, de cette religion, de cette langue et de ces traditions, dans un sentiment de solidarité, à l’effet de conserver leurs traditions, de maintenir leur culte, d’assurer l’instruction et l’éducation de leurs enfants, conformément au génie de leur race et de s’assister mutuellement…» (GUGGENHEIM, 1973, p.739).’

La communauté peut jouer un rôle positif à condition de ne pas prétendre régir la totalité de l’existence de ses membres, comme c’est le cas, par exemple, des communautés religieuses du Liban.

Au Liban, la notion de communauté s’est mué progressivement en réalité historique, culturelle et politique. Elle est devenue la référence primordiale de chaque citoyen libanais, qu’il soit chrétien, musulman ou athée. Chaque communauté existant sur le territoire libanais se développa en collectivité autonome.

Chaque communauté est gouvernée par ses chefs religieux, régie, en tout ce qui est afférent au statut personnel au sens large, par des lois dont l’élaboration est l’œuvre commune de ses organes législatifs et de ses coutumes ancestrales. Chaque communauté gère ses biens, ses écoles et ses établissements d’enseignement supérieur, les mass média comme radios, télévisions, maisons d’édition, les associations de bienfaisance, les centres médicaux et les clubs d’éducation pour les jeunes. Chacune de ces communautés a une personnalité particulière.

« Parallèlement à des traits culturels communs à toutes les communautés libanaises, celles-ci ont des traits culturels spécifiques. Ils proviennent souvent de pratiques religieuses et apparaissent parfois à travers un ensemble de coutumes alimentaires, vestimentaires, phonétiques, concernant le statut de la femme et la structure de la famille, ainsi que d’autres coutumes, rituels religieux, fêtes spécifiques, etc.» (LABAKI, 1998, p.43).

Dans la société libanaise, l'individu n'existe que par son appartenance à sa communauté.