1.4.3- La « nation naturelle » 14

D'une manière générale, une nation est une communauté humaine identifiée dans des limites géographiques souvent fluctuantes au cours de l'histoire, et dont le trait commun supposé est la conscience d'une appartenance à un même groupe. Ce groupe peut avoir en commun : la culture , la langue , la religion , la foi ou le culte , l'histoire politique , culturelle et sociale. Une nation prend parfois ses racines dans un sentiment d'identité historique, dans un fondateur.

La nation libanaise est née dans cette montagne libanaise qui était la protectrice naturelle des persécutés fuyant à tout prix les conquêtes massacrantes. Cette forteresse naturelle s'est transformée avec ces peuples en nation libanaise multiculturelle.

Ils se sont mélangés pour former un seul peuple "les Phéniciens" – nom qui symbolise la fusion de ces différents peuples dans un seul vase naturel. Ce mélange populaire s'est "libanisé" en créant la « nation libanaise naturelle ». Chacun de ces peuples est une partie intégrante du "Tout".

La nation libanaise reste le « dénominateur commun » qui rassemble toutes les composantes confessionnelles. À leur tour, les diverses confessions forment les « nominateurs ».

Autrement dit, ces confessions diverses sont trouvées, naturellement, sur un même terrain : le Liban. Par conséquent, elles ont formé une « nation naturelle ». Ce « dénominateur commun » qui est la « nation naturelle » demeure le point commun qui unit ces différentes confessions (nominateurs) ; Ainsi, les conflits surgissent entre les diverses communautés lorsque les « nominateurs » (différentes confessions) dominent le « dénominateur commun » (la nation naturelle).

Le Liban est ainsi "l'enfant" de la géographie, il est une « nation naturelle ».

En conclusion, au Liban, la dimension religieuse est présente dans la réalité personnelle et collective. Il existe entre les Libanais de toutes religions et confessions des échanges notamment économiques et culturels très enracinés. La « nation libanaise naturelle » – le dénominateur commun - les rassemble et les réunit, mais les « nominateurs » – les confessions – jouent implicitement le rôle du séparateur.

Ainsi, en temps ordinaire, les diverses communautés s’entrecroisent au niveau spatial, mais ne s’interpénètrent point. Elles pratiquent des échanges entre elles, en se limitant aux échanges de biens et de services, sans véritables relations interpersonnelles.

Dès lors qu’on tente une exploration microsociologique des réalités qui sous-tendent ces échanges, la réalité semble différente. Alors sont perceptibles, de profonds clivages interconfessionnels qui séparent les Libanais les uns des autres.

On demande ainsi : avec toutes ces diversités culturelles, quelle forme la famille libanaise prend-elle ? Comment les mariages se contractent-ils au Liban ? Cette dissection religieuse de la population permet-elle les mariages interconfessionnels ?

Notes
14.

Expression utilisée par KASSAB, G. , dans son livre "Le maronisme" (al marounia)