2.4.3- Le bouleversement

L’ouverture du Liban à d’autres cultures occidentales par le biais de plusieurs facteurs : mass médias, voyages… a engendré une évolution au niveau de la société libanaise et spécifiquement de la famille.

Personne ne peut ignorer aujourd’hui le rôle important que jouent les médias dans la culture des gens, et leur influence sur la pensée et le mode de vie, surtout chez les plus jeunes. La presse, la télévision, le cinéma, l’informatique, internet... ouvrent les esprits aux problèmes et réussites du monde entier, et contribuent à la création d’une certaine culture universelle, à une mondialisation de la culture, très marquée par la culture occidentale.

En l’absence de toute politique médiatique de l’Etat libanais pendant la guerre, les télévisions et radios locales se sont multipliées, et pour se faire un public, chaque chaîne s’efforce de proposer le dernier produit cinématographique - quitte à le pirater -, qui véhicule forcément la culture et les mœurs du producteur. Pendant plus de vingt ans, ont défilé sur les écrans libanais des images exotiques au cachet occidentalo-américain. Et il faut dire que la télévision était devenue, pendant la guerre, le seul loisir de tous, d’autant plus que les gens étaient contraints à l’enfermement pour des raisons de sécurité, et que leur porte-monnaie arrivait à peine à remplir les estomacs alors que les sorties coûtaient très cher.

L’ouverture du Liban à d’autres pays, a engendré la présence d’élites modernisatrices (intellectuels, journalistes, administrateurs, politiciens, militaires) qui vont chercher à mettre en œuvre des solutions rationnelles aux dysfonctions introduites par la rationalité moderne et affronter les résistances et les inadéquations des conservateurs.

Notons aussi l’influence d’un facteur important : le travail rémunéré de la femme hors du foyer. Il a engendré une évolution remarquable au niveau du fonctionnement individuel, familial et social. En confrontant d’autres cultures modernes, la femme libanaise est devenue de plus en plus consciente de sa situation. Quand la femme libanaise s’est sentie réduite au rôle de simple instrument pour perpétuer la famille, elle n’a pas tardé à vouloir s’émanciper. Cette volonté d'émancipation l'a poussée à réclamer sa liberté dans le choix : personne n'a le droit d'effectuer des choix à sa place.

Tous ces facteurs rassemblés, et même beaucoup d'autres, ont aidé à créer ce bouleversement au sein de la société libanaise qui traverse actuellement par une période de crise. La crise est une étape de transition, et la société libanaise actuelle passe par une période transitoire : d’une société où les normes du groupe dominent, on se dirige vers une société où l’individu commence à réclamer des droits, une autonomie.

Précédemment, le groupe social englobait l’individu, on y parlait du rapport de contenance, du principe de distinction où les places, les rôles et les sexes étaient bien déterminés. Le grand ennemi était la confusion. Celui qui n’adhérait pas au groupe était exclu.

Ce changement en cours dans la société libanaise, demande à cet exposé une brève pause théorique expliquant comment cette société a adopté ce processus de changement social.