2.4.4- Société en avant

Comment les sociétés arrivent-elles à changer leurs fonctionnements ? Une question importante à ne pas négliger; et qui nous offre l’opportunité de creuser le concept du changement social.

2.4.4.1- Le « changement social »

‘“Le changement social est le produit observable d’une action qui résulte dans certaines conditions, de processus et de mécanismes sociaux mettant en cause un certain nombre d’agents ou de facteurs plus ou moins déterminants” (MANDON, 1990, p.27). ’

Quand on dit changement social, trois questions essentielles peuvent être posées : Qu’est-ce qui change, comment et pourquoi ?

En réalité, cette recherche du pourquoi, des causes du changement, rejoint en partie, celle du comment, dans la mesure même où les mécanismes, les processus, les interactions de diverses variables ou facteurs forment un tout indissociable des agents, des conditions et des causes du changement social.

‘"La problématique du changement social traite de la dialectique entre les systèmes de significations, les enjeux de pouvoir, la production des normes et les processus de leur intériorisation, les mouvements sociaux et la dynamique de la construction sociale de l'identité/altérité" (Vinsonneau, 2002, p10). ’

Aujourd’hui, nous avons cette conviction plus ou moins consciente, et en tout cas très répandue, que tous les changements découlent du seul progrès scientifique et technique. Les changements de toutes sortes deviennent dès lors inéluctables en raison de l'avancée technologique. Ainsi, la recherche des causes générales du changement social pourrait, à bien des égards, illustrer l’aphorisme populaire résumant avec humour la chaîne de causalité circulaire de la poule et de l’œuf ! Comment isoler, en effet, l’évolution technique, démographique, l’idéologie, la religion ou même la décision politique, dans ce qui fait figure de véritable cercle vicieux ?

L’innovation technique est la cause du changement économique, qui entraîne le changement des institutions et des pratiques sociales, puis avec un certain retard, le changement des idéologies. L’innovation technique est un produit de l’esprit humain, donc idéologique; et l’acceptation et la diffusion d’une nouvelle technique supposent des conditions sociales favorables. Un changement n’est donc pas accueilli – même s’il est imposé de l’extérieur par la force des choses – que s’il est tolérable par la société et ses membres. “L’histoire sociale résulte de la praxis d’hommes ayant des besoins” (MANDON, 1990, p.32).

Bref, sans vouloir étudier en détail ce phénomène, relevons-en quelques signes : le progrès rapide des connaissances scientifiques, en particulier des sciences humaines, et des techniques ; le développement des moyens de communication : voyages plus rapides et plus faciles, essor et propagation des techniques audiovisuelles, d'où il résulte une espèce de rétrécissement du monde, par l'abolition des distances, et une plus grande interpénétration des cultures.

Citons également le développement de la civilisation industrielle et sa conséquence : le phénomène d’urbanisation ; les hommes, extraits de leur environnement naturel, sont parqués dans de grands ensembles urbains où l’accumulation d’individus en couches superposées s’accompagne d’un anonymat croissant, et finalement d’un isolement beaucoup plus grand que dans les villages ou quartiers d’autrefois, qui n’étaient que des familles élargies.

Un changement des rapports humains va forcément résulter de ces transformations sociologiques. C’est ainsi qu’on assiste à une remise en question de l’autorité : l’individu, s’éveillant à la conscience et à la culture, désire devenir acteur de son propre destin, et participer à part entière à son élaboration, au lieu de le recevoir “tout fait”.

Pour mieux comprendre le fonctionnement du changement d’une société, il nous semble important de pointer une des théories du "changement social" : la modernisation.