Les obstacles

Le processus de modernisation se heurte à la résistance et à l’inadaptation à la modernité des acteurs individuels et collectifs qui ont été socialisés aux valeurs, normes, rôles et statuts du système social antérieur, et qui ont intériorisé ainsi une mentalité conservatrice. Que la société soit peu ou très avancée sur le chemin de la modernité, sa modernisation est toujours plus ou moins freinée par des conservateurs qui, parfois, peuvent bloquer complètement le processus et retarder durablement son évolution. La résistance implique une attitude active de rejet de la modernité : rejet des innovations technologiques, rejet de modes de penser, de vivre, de consommer, de produire, de s’instruire, de se soigner… qui sont pratiqués dans d’autres sociétés plus modernes ; rejet de réformes touchant aux organisations de socialisation primaire (famille, école, église, information, habitat) ou secondaire (travail, groupes de pression, vie politique, loisirs…).

L’inadaptation constitue au contraire un frein passif à la modernisation. Celle-ci suppose, en effet, une réadéquation des qualifications socioculturelles des acteurs, donc un nouvel apprentissage social, une nouvelle socialisation. Dès lors, même s’ils sont disposés à adopter de nouvelles valeurs et normes sociales, ils n’en sont pas pour autant capables, et ne le deviennent qu’au prix d’un effort de requalification sociale qui demande du temps.

Dans cette approche théorique, ces obstacles sont censés expliquer le sous-développement de certaines sociétés ou la relative incapacité de certaines autres de sortir d’une situation de blocage et de crise.